Comment s'épanouir dans ce monde en mutation ?
Les réponses du feng shui... Aujourd'hui, il semble y avoir un malaise à tous les niveaux : écologique, économique, social, spirituel... La pensée chinoise millénaire pourrait-elle nous aider à comprendre les transformations à l’œuvre dans nos vies et dans ce monde ?
Maître feng shui, consultante et formatrice, Marie-Pierre Dillenseger nous dévoile les secrets de l'énergie temporelle. Maître feng shui, consultante et formatrice, Marie-Pierre Dillenseger est spécialiste de la pensée chinoise millénaire. Quelles clés celle-ci peut-elle nous apporter face aux difficultés ?
Est-il possible d’entendre que des jours meilleurs sont à venir quand on est confronté au pire, à la violence ou à l’oppression ?
M-P. D : La plupart du temps, c’est effectivement très difficile à accepter. Nous n’avons pas été formatés en ce sens. Pour nous, le temps est linéaire ; nous projetons sur la suite les difficultés passées ou actuelles. Il ne s’agit pas de minimiser ces difficultés, elles sont réelles, mais de parvenir à les voir sous un autre angle, à les inscrire dans une logique cyclique plus large. Dans les situations les plus désespérées, cela ne rend pas forcément plus facile l’acceptation de la mort, mais cela peut favoriser la conscience que la vie suivante sera porteuse de forces nouvelles.
Au niveau collectif, quel avenir nous réservent les prochaines années ?
M-P. D : La période 2024-2044 sera la dernière du grand cycle actuel de 180 ans. Elle est associée à l’élément feu, métaphore de la lumière, lié aussi à la spiritualité. Nous nous dirigeons vers une conscience accrue – au risque même de décoller un peu trop ! Si la barbarie semble aujourd’hui reprendre du terrain, c’est le signe que des combats énergétiques sont à l’œuvre. L’arrivée des forces de lumière réveille forcément des forces de résistance. Mais au final, le feu l’emportera.
Nous ne resterons pourtant pas en pleine lumière pour l’éternité…
M-P. D : De 20 ans en 20 ans, au sein du cycle de 180 ans qui débutera en 2044, les choses continueront à évoluer. Nous retournerons par exemple d’abord à l’énergie de l’eau, symbole du mouvement et de la prise de parole – celle-ci ne pouvant émerger qu’une fois qu’on a vu clair. Autre point important : aucune période ne sera jamais favorable à tout le monde. Selon son énergie individuelle, chacun sera plus ou moins à l’aise avec les cycles à l’œuvre – qu’ils soient mensuels, annuels ou autres.
Dans votre approche, qu’apporte la pensée par analogie ?
M-P. D : C’est un complément précieux à la pensée logique. A certains moments, cette dernière n’est plus efficiente, il devient nécessaire d’introduire une perspective différente. Par exemple, lorsqu’une personne m’exprime sa frustration de ne pas réussir à verbaliser un problème, plutôt que de lui donner des outils pour mettre des mots, je vais lui conseiller d’être le plus en contact possible avec l’eau pendant 15 jours – en prenant des bains, en marchant sous la pluie… Dans la pensée chinoise, l’eau est la métaphore de ce qui coule et circule. Son énergie est en résonance avec celle de la communication. Cette approche, d’autant plus qu’elle touche au corps, rend tangible une force qui n’était pas directement accessible à la personne ; elle l’aide à entrer en contact avec cette énergie, autrement. L’analogie permet aussi de ne pas être uniquement dans l’explication du pourquoi et du comment, mais de proposer des exercices concrets, très simples, adaptés à la carte énergétique de la personne, destinés à la nourrir en attendant que les cycles lui soient plus favorables.
Comment transmettre à nos enfants une meilleure intelligence du monde ?
M-P. D : Il faut leur laisser du temps vide, non affecté au faire. Impossible d’accueillir un nouvel ouvrage sur nos étagères si celles-ci sont pleines à ras bord ! L’arrivée d’une énergie nouvelle ne peut advenir sans qu’on lui laisse de l’espace. Si nos enfants râlent parce que se profile l’énergie de l’ennui, il faut les rassurer, les laisser imaginer par eux-mêmes comment s’occuper. Une demi-heure plus tard, ils auront trouvé ! Ils développeront ainsi très jeunes la capacité d’être attentifs à leurs forces et créateurs de leur propre destin.
Enquête INREES mai 2015
Comment s'épanouir dans ce monde en mutation ? Les réponses du feng shui... Aujourd'hui, il semble y avoir un malaise à tous les niveaux : écologique, économique, social, spirituel... La pensée chinoise millénaire pourrait-elle nous aider à comprendre les transformations à l’œuvre dans nos vies et dans ce monde ? Maître feng shui, consultante et formatrice, Marie-Pierre Dillenseger nous dévoile les secrets de l'énergie temporelle.
Maître feng shui, consultante et formatrice, Marie-Pierre Dillenseger est spécialiste de la pensée chinoise millénaire. Quelles clés celle-ci peut-elle nous apporter face aux difficultés ?
Il est 14 heures à Paris, 8 heures du matin dans le Massachusetts. Marie-Pierre Dillenseger est déjà à pied d’œuvre, dans son bureau de Cambridge, face à son écran Skype. Maître feng shui, spécialiste de la pensée chinoise, elle jette sur les crises, sociétales ou individuelles, un regard modelé par une autre compréhension du monde. Notions de cycles, de forces, de globalité, de contexte spatio temporel : quelles sont les clés de cette approche ? Qu’ont-elles à nous apprendre ?
Marie-Pierre Dillenseger met ses connaissances au service des organisations et des particuliers, afin de les aider à choisir les moments et les espaces les plus favorables à la réalisation de leurs projets. Quelles ressources mobiliser ? Comment réagir face aux difficultés ? A ces questions, elle répond avec enthousiasme et précision, s’appuyant sur l’enseignement millénaire dont elle est porteuse, ainsi que sur sa perception aiguë des énergies.
Quel regard la pensée chinoise porte-t-elle sur les périodes de crise ?
M-P. D : Codifiée depuis des millénaires, elle s’appuie sur une lecture cyclique du temps. A l’échelle humaine, par exemple, il existe des cycles de 60 ans, de 60 mois, de 60 jours, de 60 heures… L’énergie temporelle dans laquelle nous baignons est en constant renouvellement, ses qualités ne cessent de varier. Cette vision implique d’accepter que l’écoulement du temps n’est pas linéaire, qu’il peut apporter du mieux et du moins bien.
Aujourd’hui, le malaise semble être à tous les niveaux – écologique, économique, social, spirituel… Comment comprendre cette cristallisation ?
M-P. D : Il existe à l’échelle de la planète des grands cycles de 180 ans, divisés chacun en 9 périodes de 20 ans. Celui dans lequel nous sommes actuellement a commencé en 1864 et se terminera en 2044. Nous en traversons l’avant-dernière période – de 2004 à 2024. Dans la pensée chinoise, cette avant-dernière période est associée à un mouvement de transformation majeure, à tous les niveaux – individuel, comportemental, philosophique, spirituel… Ses 10 premières années correspondent à une période de mise en place. Nous la vivons comme une crise, mais c’est normal ! Elle est le symptôme d’une résistance au changement, à un moment où les forces nouvelles ne sont pas encore déployées. La mutation entraîne des tensions ; on sent que les individus ont encore du mal à lâcher certaines énergies révolues (telles que celles de l’intellect, du raisonnement, de la maîtrise et du pouvoir) pour s’ouvrir à ce qui vient. Le nettoyage des habitudes et des modes de pensée s’effectue rarement sans heurt.
Cela ne veut pas dire qu’il faut tout jeter à la poubelle, mais qu’il est temps de se laisser porter par un effet d’entraînement, d’oser accepter de voir les choses un peu différemment. Déjà, des initiatives apparaissent, on commence à assister à un renouvellement des savoir-faire – y compris dans le système bancaire. Les choses devraient s’accélérer dans les prochaines années. La vie est du côté du changement perpétuel : en permanence, nos cellules meurent et renaissent. La connaissance des cycles permet de comprendre la cadence d’installation de la nouvelle énergie ; elle aide à tenir dans les temps difficiles, par la compréhension de ce que chaque période apporte.
Faut-il donc simplement « attendre et voir venir » ?
M-P. D : Les Occidentaux ont souvent tendance à percevoir cette vision du monde comme passive et attentiste. Dans le mode de lecture chinois, il s’agit plutôt de modifier sa position par anticipation, en fonction des éléments apportés par la connaissance des cycles. L’espoir est lié à la conscience qu’un changement adviendra inéluctablement, que les prochains jours, mois ou années apporteront une texture énergétique différente. Cela ne signifie pas ne rien faire, mais voir ce que l’on peut mettre en œuvre dans l’immédiat, à son niveau, tant que les circonstances extérieures n’ont pas bougé. C’est comme dans les arts martiaux : si vous perdez un certain nombre de combats, il ne faut pas vous dire que vous n’en remporterez jamais, mais revenir au dojo pour trouver la bonne parade. Il y en a toujours une – mais quand on est le nez dans le guidon, on peine à la discerner. Il est de notre responsabilité de la découvrir. Ainsi, l’obstacle est vu de manière constructive, comme une occasion de développer d’autres forces ou de se placer autrement. Ce décodage permet de se projeter favorablement.
Quelles sont les forces que nous pouvons mobiliser ?
M-P. D : Dans la pensée chinoise, tout succès, tout projet est considéré comme le résultat d’une équation à trois forces : le temps, l’espace – c’est-à-dire le lieu où l’on se trouve – et l’individu. Les forces temporelles sont posées comme totalement extérieures à nous. De même, si vous étiez au Liberia plutôt qu’en France, vous travailleriez sûrement sur d’autres sujets… En fonction de qui nous sommes, de notre énergie propre, nous ne réagirons pas de la même manière aux mouvements de notre environnement. Certains d’entre nous seront plus en résonance avec les forces actuelles de renouvellement, leur énergie personnelle s’en trouvera boostée. D’autres, au contraire, se sentiront décalés. Aucun cycle de 20 ans n’est meilleur qu’un autre ; tous sont porteurs de qualités différentes.
C’est comme dans un manège : si 15 enfants dessus cherchent à aller à contresens, cela n’empêchera pas le manège de tourner, mais cela engendrera de la confusion et de la résistance. En revanche, si les enfants sont en phase avec le sens du manège, le mouvement deviendra plus fluide. Imaginons par exemple que vos patrons fassent de la rétention d’information et continuent à considérer que les collaborateurs ne doivent pas tout savoir. Cette posture générale de l’entreprise est dépassée par rapport à l’énergie de l’époque. Certains employés vont ressentir le décalage entre leur réalité quotidienne et ce vers quoi le monde va. Ce qu’il leur conviendra de faire à titre individuel – patienter ou commencer à faire quelques pas dehors – dépendra de la carte énergétique de chacun.
Que peut-on faire pour comprendre comment se positionner ?
M-P. D : En période d’obstacles, le mode de lecture chinois recommande la circonspection et la prise de recul. S’agiter davantage, essayer de forcer le cours des événements par la force ou la volonté ne sert à rien. Tant que le monde est épouvantable à l’extérieur ou que nous ne comprenons pas ce qui bouge, notre principale ressource est de nous caler sur ce que nous sommes, sur ce qui va nous permettre de survivre, de ce matin à cet après-midi, d’aujourd’hui à demain. Il ne s’agit ni de désespérer, ni de nous activer dans tous les sens, mais de nous rendre disponibles à ce qui, dans notre enveloppe physique, nous permet de nous ancrer, de renouveler nos cellules, de travailler notre propre qualité d’énergie.
En Occident, nous avons tendance à nous penser plus puissants que nous ne sommes. De là naît tantôt une illusion de grandeur, qui nourrit beaucoup d’espoir, tantôt celle d’être abandonnés par l’univers, qui nous porte au désespoir. L’éclaircie ne viendra pas parce que nous le voulons, mais parce qu’elle vient. L’important est de tenir jusqu’à son arrivée, en faisant ce qu’il faut, chacun à notre niveau. C’est ainsi que nous nourrirons les conditions de l’espoir. C’est un placement relatif, individuel, dans un système en mouvement perpétuel.
Ce repli sur soi n’est-il pas un peu nombriliste ?
M-P. D : Je dirais plutôt qu’il faut arrêter d’attendre que le changement vienne uniquement de l’extérieur. C’est une autre forme d’activisme, qui commence par soi. L’évolution vers une vie plus fluide, plus en phase avec nos espérances, ne peut venir que d’une adéquation entre ce que nous portons et ce que le monde apporte. L’objectif est d’être à sa juste place. Si vous mettez un paquebot dans une rivière ou une barque dans un océan, les problèmes sont courus d’avance !
L’important, dans un premier temps, est de remobiliser nos capacités d’observation. D’arrêter de trop intellectualiser pour porter attention à notre boussole interne, celle qui nous dit : « Vas-y » ou « N’y vas pas », et nous aide à repérer les situations qui nous conviennent mieux que d’autres. Les conditions du changement sont en nous. Nous n’avons pas de prise sur les cycles temporels immuables, mais nous pouvons nous libérer de certains carcans en étant très à l’écoute des forces que porte le petit individu que nous sommes. Par exemple, si vous avez des capacités d’entrepreneur mais que vous demeurez dans un système salarié, ce sera à vous d’investir du temps pour comprendre comment développer les compétences qui se trouvent à l’étroit dans votre emploi actuel. Le processus n’est ni rapide ni spectaculaire, mais il est dynamique. Nous autres Occidentaux avons du mal avec la patience, parce que nous l’assimilons à de la passivité. Les choses prennent du temps, il faut garder confiance dans le mouvement des énergies.
Dans ma pratique, je constate que le plus difficile pour les gens n’est pas d’agir quand le moment est bon, mais de ne pas agir quand le moment n’est pas opportun ! Je dois souvent leur faire tolérer le fait qu’ils sont pour l’instant au point mort, et qu’ils ont intérêt à attendre quelque temps avant de lancer un projet. Mes recommandations sont très précises, mais mon intervention n’a d’effet que s’ils acceptent de bouger certaines choses dans leurs manières de faire, d’habiter leur espace, de prendre des décisions, etc.
Sur quels outils vous appuyez-vous ?
M-P. D : Selon l’approche chinoise, l’énergie vitale de chacun se déploie dans le temps depuis l’instant de sa naissance. Pour comprendre dans quel cycle de sa vie se trouve la personne et quels conseils lui donner pour optimiser ses potentiels, je pars donc de sa date de naissance, afin de définir son thème astrologique et tracer sa carte énergétique.
Ce travail peut aussi s’appliquer à une collectivité – il me faudra alors la date de création de la société et les dates de naissance des dirigeants les plus impliqués humainement et financièrement. Il peut également être utile pour un lieu, à partir de la date où le toit a été posé sur le bâtiment et de son orientation. Mon rôle, ensuite, est de tenter d’établir un alignement des forces, c’est-à-dire une corrélation entre la trame énergétique de l’individu, celle de son espace, et les grandes forces temporelles en jeu à ce moment.
Il n’est pas toujours évident d’oser le changement, même lorsque le moment est bon. La peur est un frein très puissant…
M-P. D : C’est une émotion paralysante, utile lorsqu’elle est au service de la survie, mais aujourd’hui trop exagérée, car alimentée par un manque de vision et de confiance dans un renouveau, certes encore inconnu, mais à venir. En médecine chinoise, le foie est considéré comme le siège des émotions. L’élément chinois associé au foie, donc aux émotions, c’est le bois, métaphore du renouveau. L’énergie dominante du cycle de 20 ans que nous traversons actuellement est celle de la terre – une force d’inertie en apparence mais de transformation en profondeur. Entre ces deux énergies, la relation n’est pas fluide, il y a une tension dynamique, un combat. La période vient donc nous bousculer, elle affole nos émotions. En sortiront gagnants ceux qui parviendront à la fois à reconnaître qu’ils ont peur et à mobiliser malgré tout des forces de renouvellement, quand bien même ils ne savent pas où elles les mèneront. L’enjeu est de réussir à tolérer l’inconfort de ce grand écart. Pour y parvenir, il faut de l’ancrage.
Et comment s’ancre-t-on ?
M-P. D : Les Chinois diraient que nous avons trop de feu dans la tête : nous réfléchissons trop. L’ancrage part du corps. C’est lui qui nous permet, au niveau cellulaire, d’être en pleine forme. Il passe par ce que nous mangeons et buvons tous les jours, par la qualité de notre sommeil, ainsi que par une vigilance accrue à ce qui nous prend des forces au quotidien et à ce qui nous en donne. Une fois repéré ce qui nous pompe, il faut lui rogner les ailes. Par exemple, si l’on est gêné par le bruit de la cafétéria, ne plus y aller, ou n’y aller qu’un jour par semaine, ou y aller un jour de moins par semaine. L’exercice n’est pas compliqué, mais il demande un peu de discipline et de patience – des valeurs qui ne sont pas celles que nous a fait miroiter notre société dans les 50 dernières années ! La liberté, ce n’est pas de tout avoir tout de suite, de n’importe quelle manière, mais de trouver les clés de son harmonie. Cela passe par un moment de présence à soi-même.
Enquête INREES mai 2015