Le 28 avril 2015, quasiment 29 ans après l’explosion du réacteur n° 4 de Tchernobyl, un important feu de forêt s’est déclenché autour de la centrale. Cet incendie comportait un risque de redistribution d'une partie de la radioactivité contenue dans les sols sur de larges zones.
Il ne s'agit pas du premier incendie en zone contaminée ; d’autres sont déjà survenus en1992, 2002, 2008 et 2010. Mais celui-ci est le plus important depuis 1992.
Selon le ministre ukrainien de l’Intérieur Arsen Avakov, 400 hectares seraient concernés mais la situation serait sous contrôle. Mais selon Greenpeace Russie, le feu s’étalerait en réalité dans un rayon de 30 km autour de la centrale et les images satellites laisseraient supposer qu'il touche en réalité 10 000 hectares.
Le feu n'a pas atteint la centrale accidentée elle-même, qui contient encore 97 % des éléments radioactifs présents dans le combustible nucléaire. Mais ces incendies, en eux-mêmes, constituent déjà une menace. En effet, une partie importante des radioéléments expulsés lors de l'explosion du réacteur sont toujours présents dans les sols et les végétaux (il faut 300 ans pour que la radioactivité du césium 137 et du strontium 90, les radio-isotopes les plus répandus, soit divisée par mille). Ces incendies, en réduisant la végétation et l'humus en fumée ensuite emportés par les vents, remettent en circulation une partie des éléments radioactifs qu'elles contiennent. Ainsi, selon les travaux d'une équipe de chercheurs du orwegian Institute for Air Research les trois feux de forêt précédents ont déjà relâché de 2 à 8 % du seul césium 137 présent dans les sols... soit 500 000 milliards de becquerels répandus sur une vaste zone s’étendant jusqu’à la Turquie et la Scandinavie !
Certes, la dose moyenne de radioactivité reçue à Kiev suite à ces trois incendies est très faible. Mais cette moyenne cache des disparités importantes. Il se peut que certaines personnes, suite à ces incendies, aient inhalé ou ingéré des microparticules radioactives dont l’action à l’intérieur de l'organisme est suffisante pour provoquer à terme des cancers et autres pathologies.
Quel que soit leur impact, la fréquence de ces feux de forêts risque malheureusement de s’accroître. En effet, selon les chercheurs Tim Mousseau et Anders Moller, la décomposition de l'humus et du bois mort est ralentie en zone contaminée, laissant s'accumuler des quantités plus importantes de bois sec. Ce phénomène pourrait être imputé à la vulnérabilité des insectes et micro-organismes à la radioactivité.
Ces phénomènes viennent rappeler que la catastrophe n’est toujours pas terminée et qu’elle continuera de sévir encore longtemps. . .
Source : Bio contact n°259 juillet-août 2015
LEXIQUE
Un becquerel (Bq) est une désintégration par seconde, quel que soit l’élément à l’origine de la radioactivité. Cette unité mesure l'activité nucléaire globale. Une personne de 70 kg émet ainsi 8000 Bq, dus à 70 % à l’isotope du potassium K, présent dans ses os.
Un sievert (Sv) est une unité de dose, qui mesure l’impact biologique des radiations sur la santé : l’énergie reçue par unité de masse (joule/kg) est corrigée d’un facteur qui tient compte de la sensibilité des différents tissus et la nature du rayonnement reçu. Une radio des poumons nous expose à 0,3 millisievert (mSv). La limite d’exposition en France imposée par le code du travail pour les travailleurs est de 20 mSv/an/personne.
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