Une bonne intuition serait-elle un "plus" dans le soin et l'accompagnement du patient ? Virée à la croisée de la médecine académique et des perceptions. Faut-il être intuitif pour être un bon thérapeute ? Une chose est sûre, une bonne intuition apporte un véritable « plus » dans le soin et l’accompagnement du patient.
Quelle que soit leur spécialité, les professionnels de la santé disposent, en plus de leurs connaissances dites académiques, d’autres outils pour affiner leurs diagnostics et établir leurs protocoles. L’intuition figure en tête de ces capacités nécessaires, voire indispensables, pour être le plus juste dans la prise en charge des patients.
« Un médecin qui n’est pas à l’écoute de son intuition est un médecin handicapé. » Pour le Dr Antoine Sénanque, l’intuition est indispensable au thérapeute : « Les hommes ne sont pas des machines », et ne pas être « à l’écoute de l’humain » implique de passer à côté de quelque chose. Selon ce médecin, également romancier, cette intuition, que d’autres appelleraient prudemment « l’expérience », se met en place lors du premier contact avec le patient : « Dès qu’on l’entend, dès qu’on le voit, on sait si le patient est très malade ou pas, et aussi s’il nous ment », explique-t-il. Plus qu’un outil de diagnostic, cette intuition a aussi son rôle à jouer quand vient le traitement : « Au moment de déterminer le protocole, je me laisse guider par mon intuition », commente-t-il avant de rappeler « qu’il y a évidemment une base technique et un savoir commun qu’il faut évidemment maîtriser. »
Une étude révélatrice.
Antoine Sénanque est loin d’être un ovni dans le monde médical. Cette intuition a d’ailleurs été étudiée et enfin été reconnue comme une réalité. La revue française de médecine générale Exercer s’en est d’ailleurs fait l’écho dans son numéro 95. C’est une équipe néerlandaise qui a mené le protocole sur cette fameuse intuition appelée gut feeling. En France, cette étude a été validée par 37 médecins généralistes universitaires, et a permis de mettre en évidence un sens dit d’« alarme » et un sens dit de « réassurance ». Une sensation que quelque chose « cloche », ou à l’inverse que tout « colle ». L’intuition est donc un outil important pour le médecin afin de réaffirmer l’un ou l’autre de ces sentiments, cette intime conviction. Un point de vue partagé par le Dr Sénanque, qui invite ses confrères à écouter les patients, qui ont « souvent beaucoup d’intuition pour eux-mêmes ». En apparence tout va bien, et pourtant selon eux « quelque chose cloche », même si les signes cliniques disent le contraire. Ce qui est valable pour les médecins généralistes l’est pour d’autres professions médicales ou paramédicales. Psychologues, podologues, sophrologues, ostéopathes, nombreux sont les praticiens qui à l’instar des médecins généralistes utilisent ce sixième sens. Si la communauté médicale semble reconnaître l’existence et la place de cette intuition dans la prise en charge médicale, quid de sa provenance ? Est-ce une aptitude commune à tous, une sorte de fluide, une perception extrasensorielle, voire un don ?
Un outil, un flash.
La frontière ici est mince et peu de thérapeutes s’autorisent à la franchir. Max Kwapich est de ceux-là. Psychologue clinicien installé à Nice, s’il rappelle « l’importance du savoir, de l’observation clinique comme un socle indispensable », il avoue « être souvent frappé par une certitude » qui lui permet de gagner du temps : « Je suis invité à sortir du sujet, car je pressens que le problème est ailleurs », explique-t-il. Dernier exemple en date : « J’étais avec ma patiente, je l’écoutais se raconter, lorsque d’un coup j’ai entendu : “Les autres ! Les autres !”. » Pour le psychologue, le message est clair, la parole d’autres vient sans cesse parasiter la personne. Sûr de lui, il lance à la jeune femme : « Les autres sont à bannir. » Le résultat était là, une sorte « de délivrance, un gain de temps absolu pour la prise en charge ». Pour ce psychologue, cette intuition est un outil aussi important qu’une démarche d’écoute, et cette singularité, il préfère le rappeler, ne lui confère « aucun pouvoir particulier ». Interrogé sur la provenance de ses flashs, Max Kwapich évoque « une sensibilité, une histoire de vie qui lui permet peut-être de se relier à une énergie qui n’est pas celle du quotidien ».
Une vraie valeur ajoutée.
Nelly Geay va plus loin. Ses flashs, elle les vit au quotidien. Cette jeune femme de 37 ans, podologue, sait au plus profond d’elle-même qu’elle est un peu « hors normes » . Des intuitions, des flashs, elle en a depuis la mort de son grand-père, il y a 2 ans : « Ce décès m’a rendue encore plus intuitive que je ne l’étais. Je sais que je suis amenée à en faire quelque chose dans mon métier, sans trop savoir quoi pour l’instant », explique-t- elle, un peu dubitative. Spirituelle, ouverte d’esprit, cette professionnelle, reconnue pour son savoir-faire et qui vient d’ouvrir un nouveau cabinet en Gironde, avoue être surprise par ce qu’elle appelle aussi des flashs, qui se produisent essentiellement lorsqu’elle touche les pieds de ses patients : « Lors d’une séance de réflexologie, j’ai demandé à mon patient comment allait sa femme qui faisait une dépression. Et là, le monsieur se redresse droit comme un I, en me disant : “Comment savez-vous que ma femme est dépressive ?”. » Pour ne pas effrayer son patient, pour le rassurer, la podologue lui expliquera qu’il le lui avait déjà dit lors d’une séance précédente. Si la plupart des thérapeutes restent prudents quant aux termes utilisés pour évoquer cette fameuse intuition, d’autres professionnels ont franchi les portes de la rationalité. Des thérapeutes très à l’écoute de cette fameuse intuition, et qui ont décidé de s’y consacrer plus amplement, à l’instar de Christine Segantini, une sophrologue caycédienne diplômée depuis 2 ans.
Outre son expertise en thérapies brèves, Christine Segantini est ce qu’on appelle une médium. Pour autant, cette ancienne commerciale qui a ouvert son cabinet il y a tout juste 2 ans tient à rester prudente : « Lorsque je suis en séance de sophrologie, je me consacre uniquement à cela afin d’éviter toute dérive ou tout malentendu. » Pour cette professionnelle qui préfère rester discrète, ses intuitions représentent une valeur ajoutée lors de ses séances d’accompagnement : « Comme je capte directement ce que la personne ne m’expose pas, j’arrive à choisir les mots qui vont lui faire du bien et lui permettre de lâcher prise ». Un atout non négligeable dans la mise en place du protocole : « Les non dits, les éléments du passé ou de vie que je perçois, vont me permettre d’affiner mon protocole et d’être la plus juste possible dans mes sophronisations avec ma cliente ». Si elle déplore d’être plus sollicitée pour sa médiumnité que pour la sophrologie, Christine Segantini, qui se fait elle-même superviser une fois par mois, n’hésite pas à renvoyer les clients vers d’autres thérapeutes lorsqu’elle le juge nécessaire : « De plus en plus d’individus se tournent vers les médecines douces et autres thérapies afin d’engager un travail sur eux-mêmes. » Preuve que le message, d’où qu’il vienne, finit toujours par passer.
Enquête INREES mai 2015
Mon bonus.
Je fais de plus en plus appel ...et confiance à mon intuition dans le cadre de mon travail en géobiologie.
A mon avis, l'intuition se développe grâce à une bonne connaissance théorique et pratique du sujet étudié. Ceci augmente la confiance en soi et rend la "petite voix intérieure" plus audible. Plus
audible, elle renforce la confiance en soi...Cercle vertueux !