Elles sont tout autour de nous : dans nos appartements, nos rues, nos parcs, nos jardins et nos bois. Leur discrétion apparente cache un trésor de sensibilité, d’ingéniosité et peut-être même des clés pour comprendre qui nous sommes et notre place dans l’univers.
Sans elles, nous ne serions pas là : elles nous permettent de respirer et de nous nourrir. Considérées par beaucoup comme des figurantes dans nos paysages, elles constituent 99,7 % de la biomasse de la Terre, et restent pourtant de grandes énigmes. Qui donc ? Les plantes...
Bien qu'elles soient dépourvues de système nerveux, nous savons déjà avec certitude qu’elles sont intelligentes. Mais jusqu’où va cette intelligence ? Peut-on aller jusqu’à penser qu’elles sont «conscientes» ? La conscience est communément définie comme la capacité à créer une image de soi-même et de sa position dans l’espace et le temps, en relation avec l’environnement et les autres organismes. Si les plantes n’ont pas d’yeux, de bouche ou d’oreilles, leurs « équivalents » sont toutefois hautement développés. On sait qu’elles peuvent détecter et mesurer avec précision au moins vingt paramètres physiques et chimiques, tels que la force de gravité, la lumière photosynthétique, l’humidité, la température, le vent, la qualité du sol et de l’eau, les métaux lourds, les micro-organismes, les vibrations du sol... Elles ont aussi un sens de l’orientation sophistiqué, et même une très bonne mémoire! Le professeur Stefano Mancuso, qui étudie la neurobiologie des plantes, explique que l’on peut enseigner à un Mimosa pudica à ne plus fermer ses feuilles si le stimulus n’est pas dangereux. La plante se « souviendra » de l’information durant quarante jours. En comparaison, l’insecte a une mémoire de vingt-quatre heures ! Même nous, humains, ne faisons pas toujours aussi bien...
Intelligentes, sensorielles, et solidaires...
Mais également empathiques et télépathes !
Mais les plantes sont aussi des organismes très sociaux. Elles ont conscience de leurs congénères, et s’inscrivent dans un rapport de collaboration, ou de rivalité. Elles communiquent entre elles par le biais de signaux électriques, chimiques et aussi, c’est peu connu, par des ondes sonores. Une sorte de « clic » émane de leurs racines, ce qui leur permet de connaître la position et le ratio de pousse de chacune et d’en informer les voisines. Impressionnant ! D’après une expérience effectuée par le Pr Stefano Mancuso, en cas de compétition - s’il n’y a qu’un seul tuteur pour deux plantes grimpantes, par exemple - la « perdante » changera de direction, et pourra éventuellement se laisser mourir... Mieux encore, l’écologue Suzanne Simard a démontré que les vieux arbres « maternent » les plus jeunes, et qu’il existe donc une forme de solidarité entre eux.
Exposés à de la radioactivité, les pins d’Oregon (pin Douglas) privilégiaient lors de l’étude les jeunes pousses, grâce à un vaste et magnifique réseau d’entraide. Chacun de ces arbres peut ainsi se trouver en réseau avec plus de quarante de ses congénères. Le physicien indien Jagadish Chandra Bose a effectué des tests mettant en évidence que les plantes ressentiraient la douleur. Plus tard, en 1966, le Dr Cleve Backster, père du polygraphe, fait une découverte sans précédent…. Alors qu’il travaille pour le FBI depuis près de vingt ans en tant qu’expert en détecteur de mensonges, il ouvre une brèche, presque par hasard, lors d’une expérience sur une plante, la Draeæna massangeana. Cette découverte sera la première d’une longue liste, toutes aussi incroyables, qui démontrent l’intelligence des plantes, et bien plus encore...
Le D‘ Backster connecté un galvanomètre à la plante afin de voir combien de temps l’eau d’arrosage mettrait pour remonter dans les feuilles. Dès que l’eau y arrivait, il aurait dû constater une diminution de la résistance et donc une augmentation du voltage. Mais rien ne s’est passé. II eut alors l’idée de blesser la plante, en la brûlant. Il alla chercher des allumettes, et quand il revint, à son grand étonnement, la plante avait réagi avant même qu’il ne passe à l’acte. Il a alors compris que la plante avait réagi... à son intention ! Le tracé était étonnamment similaire à celui d’un humain qui serait surpris par une émotion de courte durée. Les plantes seraient-elles télépathes ? Ces découvertes ont généré une onde de choc, non seulement dans les milieux universitaires, mais dans le monde entier.
Le scientifique décida de pousser plus loin le test. A des moments déterminés de façon aléatoire par un générateur, des crevettes vivantes devaient tomber dans de l’eau bouillante. Autour d’elles, des plantes raccordées à un polygraphe faisaient office de témoins. Aucun être humain n’était présent dans la pièce, pour ne pas fausser l’expérience. Les résultats démontrèrent que les plantes avaient à chaque fois « senti la mort », ou plutôt perçu la destruction cellulaire des crevettes, à l’unisson. Une forme d’« empathie Végétale ». Il appela ce phénomène la perception primaire ou, en termes plus académiques, la bio communication cellulaire.
Une expérience menée avec des tomates fut tout aussi épatante. Les étudiants ont sélectionné deux tomates issues de la même grappe, et relié celle de gauche à un électroencéphalogramme (EEG), puisque les plantes utilisent les mêmes fréquences électriques que notre cerveau. Une personne devait ensuite entrer dans la pièce, pleine de mauvaises intentions à l’égard de la tomate de droite, puis la découper sauvagement. L’appareil indiqua une réaction chez la tomate de gauche dès que les yeux de la personne s’étaient posés sur sa jumelle. Le tracé s’est emballé lorsque l’expérimentateur a commencé à la découper. Et puis, de manière extraordinaire, le tracé a chuté radicalement à la moitié de son‘ niveau habituel, comme si la tomate était « tombée dans les pommes » ! Il a fallu attendre le lendemain matin pour que son rythme électrique redevienne normal. Mais quand le « tueur de tomates » passa dans la pièce pour se renseigner sur les résultats de l’expérience, le tracé de la tomate s’emballa à nouveau, comme si elle l’avait reconnu...
D’après Denis Bédat, ces expériences ont démontré que les plantes enregistrent l’appréhension, la peur, le plaisir et le soulagement, et que pour obtenir d’elles une réaction, il faut qu’elles soient connectées à leur propriétaire : qu’il les arrose et leur porte de l’attention. Il explique aussi que les plantes réagissent lorsque qu’elles sont en danger de mort. C’est aussi le cas pour les fruits et les légumes, qui vont réagir si l’on s’apprête à les manger, mais cela ne fonctionne pas si l’on fait seulement semblant. Durant un test, le scientifique a connecté une plante à un EEG et l’a placée dans une chambre de Faraday, un espace qui bloque toutes les ondes électromagnétiques. Son propriétaire était ans une autre pièce, connecté à un électrocardiographe, devant un écran où des images étaient projetées dans le but de déclencher des émotions. Lorsqu’il vivait une émotion forte, sa plante réagissait huit fois sur dix, et ce malgré la cage de Faraday... Ce qui prouve que la communication ne se fait pas seulement par le biais du champ électromagnétique d’ondes connues (radio, TV, micro—ondes...), mais à travers un champ quantique dans lequel, hypothétiquement, quels que soient la distance et les obstacles, la communication est toujours instantanée.
Quel est donc ce champ quantique, qui relie tout être vivant et toute chose ? Nous pouvons pour l’heure constater son effet, et développer des théories sur son fonctionnement tout en gardant en tête que la bio communication cellulaire détient peut—être les clés d’une plus grande connaissance dans de nombreux domaines. Elle pourrait ainsi bouleverser les préceptes fondamentaux de la génétique, de l’horticulture, de la botanique, de la pathologie, et tant d’autres encore... I
Inexploré n° 30, printemps 2016