Les arbres s’entraident, se rendent la pareille. Avons-nous à réapprendre à contempler la nature pour nous en inspirer ?
Les scientifiques ont découvert que les arbres et les champignons entretiennent une relation sym- biotique via leurs racines et leurs longs filaments, le mycélium. Cette découverte donne en soi matière à réflexion: deux espèces différentes collaborent ainsi pour un meilleur développement respectif. Cette association repose sur la capacité de l’arbre à photo synthétiser des sucres qui seront partagés avec le champignon, et sur celle du réseau mycélien du champignon à explorer le sol [...] afin de récolter pour tout le monde l’eau et les sels minéraux nécessaires. (in « Le Vivant comme modèle, la Voie du bio mimétisme » - Gauthier Chapelle, biologiste et Michèle Decoust.
Mais ce n’est pas tout.
Un deuxième niveau d’information révèle que les filaments mycéliens sont interconnectés et s’étalent sur de larges surfaces. Si bien que chacun de nos pas, lorsque nous marchons dans une vieille forêt surplombe l’équivalent de «500 kilomètres de ces filaments fongiques», selon le biologiste. On pense même qu’avant que l’homme n’intervienne, il existait un réseau mycélien continu depuis l’océan Atlantique jusqu’au Pacifique - en Amérique du Nord ou en Eurasie. Voilà pourquoi le mycélium est surnommé «l’Internet de la forêt» par Paul Stamets, un biologiste américain spécialiste des champignons. Il permet aux arbres de communiquer entre eux.
C’est impressionnant (voir sur ce site « le pouvoir des plantes »)
Plus fort encore.
Suzanne Simard, botaniste canadienne, a mis en évidence que grâce à ce mycélium, les arbres les plus forts soutiennent les plus faibles en leur envoyant des substances nutritives. Ce transfert s’effectue entre membres de la même espèce, mais pas que. Les botanistes ont aussi démontré qu’un même réseau mycélien pouvait effectuer des transferts de sucres entre arbres d’espèces différentes, suivant les conditions du moment. C’est ainsi qu’en fonction de la lumière et de la saison, les flux de sucre entre bouleaux et pseudotsugas (voir plus bas) n’ont pas toujours la même direction. De même l’aulne, un des rares arbres capable de fixer l’azote, en redistribue une partie, selon Gauthier Chapelle.
Source : Inexploré n° 32, magazine de l'INREES. 4°trimestre 2016