Suite à une visite de l’Écomusée d'Ungersheim dans le Haut-Rhin en 2015...
Cet arbre (vert) sorti de la forêt pour se retrouver, tout décoré, dans un intérieur humain...drôle d'aventure !
Le premier sapin décoré.
En 1597, les livres de comptes de la ville de Turckheim mentionnent l’achat de décorations de Noël : pommes, hosties, papier peint et fils. Le papier peint servait probablement à la confection de roses en papier, symboles de fidélité et de l’amour inconditionnel de Dieu pour les hommes. La croyance populaire supposait que certains arbres fleurissent pendant la nuit sainte.
En 1600, les villages et villes font preuve d’organisation dans la décoration des sapins comme en témoigne un écrit de Balthasar Beck, l’échanson du magistrat (le maire) de la ville de Sélestat :
"Am christtag abendt, bringen die foerster die meyen ; zu nacht helfen die potten leüffer und solder dem schenken die ufrichten und die ostien, öpfflin ziehren.”
"le soir de Noël, les gardes-forestiers transportent les arbres en ville; à la tombée de la nuit, domestiques et garçons de courses aident le tenancier à les décorer de pommes et d’hosties."
Le sapin en 1605.
A Strasbourg en 1605, le Weinachtsbaum (arbre de Noël) est cité dans les écrits d’un voyageur resté anonyme :
«Auf Weihenachten richtett man Dannenbaum zu Strassburg in den Stuben auff, daran hencket man roszen ausz vielfarbigem papier geschnitten, Aepfel, Oblatten, Zischgolt, Zucker... »
(A Noël, on érige des sapins à Strasbourg, dans la Stube (salle de séjour), on y accroche des roses en papier' multicolore découpé, des pommes, des oublies, des fils d’or, des sucreries,... »)
L’arbre richement décoré.
Déjà symbole de vitalité et de fécondité l’arbre de Noël prend des allures d’abondance. Le sapin se couvre de bonnes et belles choses : fruits, noix, gâteaux, bonbons, cadeaux, poupées, jouets. ..
Dés le milieu du XVII° siècle, Conrad Dannhauer, un prédicateur protestant, s’insurge contre ces excès :
« unter andern Lappalien damit man die alte Weynacht-zeit offt mehr als mit Gottes Wort und heiligen Ûbungen subrint, ist auch des Weynacht Baum oder Tannebaum der man zu hauss auffrichtet denselben mit Puppen und Zucker behängt und ihn hernach schütteln und abblümen lässt, wo die gewonnheit herkommen weiss ich nicht, est ist ein Kinderspiel. »
(parmi d’autres futilités avec les quelles on passe le vénérable temps de Noël, plus qu’avec la parole de Dieu et des exercices pieux, il y a aussi l’arbre de Noël ou sapin que l’on dresse à la maison, on y suspend des poupées et des sucreries que l’on secoue ensuite et dont on ôte les décorations, d’où provient cette habitude, je ne le sais pas, c’est un jeu puéril.)
Le sapin clôturé.
Le pied su sapin s’entoure parfois d’une petite palissade rappelant le jardin clos que l’on trouve à l’avant des maisons paysanne traditionnelles.
L’espace ainsi délimité symbolise le jardin D’Éden où beauté, simplicité et plaisirs purs sont à l’abri d’une clôture.
Le sapin décoré de boules.
D’après une légende de 1858, une grande sécheresse frappa les Vosges du Nord et la Moselle, privant ainsi ces régions d’une abondante récolte de fruits.
Manquant de pommes pour décorer leurs sapins, les habitants s’apprêtaient à passer de tristes fêtes de fin d’année.
A la recherche d’une solution, un souffleur de verre de Goetzenbruck, petit village de l’Est mosellan, remplaça les pommes par des boules de verre soufflées. Cet artisan créatif est à l’origine d’une tradition qui se répandra dans le monde entier et perdure aujourd’hui encore. Dans le même village, l’usine Vergo commença à produire massivement des boules de verre à la fin du XIXe siècle pour répondre à une demande toujours croissante.
L’arbre sur la fontaine.
« Durant la nuit de la Saint-Sylvestre, au tournant du siècle dernier dans les villages francophones des Vosges, les jeunes filles se rassemblaient à la fontaine où elles allaient puiser de l’eau et y plantaient un petit sapin. Dans la journée du lendemain, elles le décoraient de rubans, de coquilles d’œufs et autres fanfreluches. La nuit tombante les surprenant à danser en rond au rythme de leurs chansons. Les garçons, attirés par la grâce de ce ballet vespéral, s’approchaient et faisant un cercle autour d’elles. Pourtant ce n’est qu’exceptionnellement qu’ils étaient admis dans la ronde. »
(Michelle Bardout – la paille et le feu – Berger-Levrault)
L’arbre de Noël à l’école.
En 1871, l’Alsace devient allemande. Les nouvelles autorités administratives en place rendent la scolarité obligatoire.
Ces mêmes autorités imposent la tradition de l’arbre de Noël dans les écoles, présentée comme un rite authentiquement germanique.
Une consigne bien inutile, puisque de nombreux documents d’archives témoignent de fêtes de Noël scolaires bien avant cette date.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
JOYEUX NOËL
ET
BONNES FÊTES DE FIN D’ANNÉE.