Visite de la forêt d’Illkirch*, animée par Pierre ROTHENBURGER.
L’animateur d’Alsace Nature nous raconte une belle histoire
Je vais vous parler du vieux chêne. Ce vieux chêne était tellement grand, tellement haut qu’il était isolé par sa taille. Il était au-dessus de tous les autres arbres. Il vivait seul et n’avait pas pris le temps d’écouter ses compatriotes.
Un jour de printemps, il entend un bourdonnement, un bourdonnement faible.
Qu’est-ce que c’est ?
Du haut de sa cime, il fait descendre ses molécules jusque tout en bas, au niveau de ses racines.
Là, il perçoit une petite voix :
« À l’aide, à l’aide, à l’aide… »
C’était la voix d’un tout petit arbre. Un petit arbre au bord du chemin qui venait d’être piétiné par un promeneur. Il était en piteux état : une moitié des racines à l’air libre, l’autre encore dans le sol.
Le petit arbre est voué à une mort certaine. Voyant cela, le chêne se rappelle que lui aussi a été jeune un jour. Il décide de lui donner un peu de sa force. Pour le chêne ce n’est qu’une broutille, un souffle, mais pour le petit arbre cela représente un ouragan, une véritable poussée de vie !
Suite à cela le petit arbre a repris de la force, ses racines se sont développées, ses branches ont poussé. Il a grandi et de saison en saison, d’année en année l’arbre est devenu de plus en plus grand et vigoureux.
Le chêne lui aussi est devenu de plus en plus grand, de plus en plus gros mais aussi de plus en plus vieux. Il a eu des blessures suite à des orages, des gens lui ont coupé des branches ou ont récupéré du bois mort, des animaux ont gratté son écorce, des insectes ont pondu dans son tronc des pics y on creusé leur nid. Le vieux chêne commence à s’essouffler. Il sent ses dernières forces le quitter. Il lâche un « au secours ! » un appel à l’aide à peine perceptible, aussi faible que celui du petit arbre de notre histoire. Cet appel a justement été perçu par le petit arbre devenu grand. Il se souvient qu’il était un petit arbre faible et en danger. Il décide donc de faire un don de force, d’énergie par l’envoi de molécules vers le vieux chêne afin que ce dernier puisse encore survivre.
L’histoire ne dit pas si le chêne et le petit arbre vivent encore. En tout cas, ensemble ils ont réussi à vivre un peu plus longtemps en se donnant de la force mutuellement.
Cette histoire illustre des études qui sont menées actuellement qui mettent en évidence qu’il existe une réelle communication entre les arbres, par les racines. Totalement invisible, cette communication se fait par des molécules au niveau du sol grâce aux très nombreuses radicelles qui s’entremêlent d’un arbre à l’autre. Cette communication permet aux arbres de savoir lequel d’entre eux est malade, de quoi il a besoin quelle que soit l’espèce. Il existe également une communication aérienne grâce aux phéromones. Par exemple en Afrique un acacia peut prévenir un autre sur dix à vingt mètres s’il est brouté par une girafe. De ce cas l’autre acacia prévenu va modifier certaines de ses molécules afin de rendre ses feuilles amères et âcres et ainsi faire renoncer la girafe à les brouter.
Il y a dans la nature des actes d’entraide totalement gratuits !
Rien n’est demandé en retour
Forêt d’Illkirch, le 18 juillet 2017.
*les forêts d’Illkirch et du Neuhof sont protégées depuis 2012
Il s’agit d'une réserve de 945 hectares.
Le gestionnaire en est la ville de Strasbourg.