Les sucres ajoutés se cachent dans 75 % des plats industriels.
Le sucre, la nouvelle drogue douce. L’être humain n’a jamais autant consommé de sucre. La cause ? L’apparition des aliments transformés au début des années 1980, créant une véritable addiction.
Le diabète de type 2 touchant habituellement les personnes d’un certain âge est en augmentation chez les adolescents.
Quelques grammes de poudre blanche, et le réconfort est là. Une poudre blanche dont la présence dans les produits alimentaires est devenue omniprésente. On l’appelle aussi fructose, saccharose, glucide, miel, cassonade ou plus communément sucre. Ce dernier possède pas moins de 56 appellations différentes. Si au XIXe siècle les Français en consommaient en moyenne près de deux kilos par an et par personne, ce sont aujourd’hui près de 35 kilos qui sont ingérés chaque année.
« Comme il est bon marché, on trouve du sucre sous une forme ou une autre dans pratiquement tous les aliments transformés, fabriqués aujourd’hui dans le monde », écrit le docteur Robert Lustig, endocrinologue pédiatrique américain à l’Université de Californie, dans son ouvrage Sucre, l’amère vérité (1).
La zone de récompense.
Et plus une personne en consomme, plus elle a envie d’en consommer. Les chercheurs parlent d’une véritable addiction. D’ailleurs, cette substance alimentaire emprunte dans le cerveau les mêmes circuits que l’alcool, le tabac ou les drogues dures. Le sucre stimule la zone de récompense qui apporte plaisir et bien-être. Une expérience menée sur des rats par le neurobiologiste Serge Ahmed a démontré que 90 % des mammifères préféraient l’eau sucrée aux sensations provoquées par la cocaïne ou l’héroïne, et qu’ils manifestaient des troubles anxieux en cas de manque.
Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne ne devrait pas consommer plus de 25 grammes de sucres simples par jour (fructose, glucose et saccharose), l’équivalent de 6 à 9 cuillères à café ou d’une canette de soda, alors qu’un Européen consomme l’équivalent d’environ 17 cuillères à café par jour. L’absorption de soda est d’ailleurs directement liée à l’augmentation de l’obésité. D’après une étude parue au mois de juin dernier dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine , près d’un tiers de la population est en surpoids ou obèse.
Le lobby du sucre ?
« Cette surconsommation ne provoque pas forcément l’apparition d’Alzheimer, du cancer, de Parkinson, ou les crises d’épilepsie, mais le sucre entretient ces maladies et les aide à prospérer », explique Magali Walkowicz, diététicienne.
Le diabète de type 2, une maladie chronique qui se traduit par un excès de glucose dans le sang, est en augmentation chez les adolescents, alors qu’habituellement, il touche des personnes d’un certain âge. « Aujourd’hui, on n’est plus dans des questions de santé publique, on est dans des questions financières, de rentabilité. Il faut que l’État puisse intervenir et qu’il mette des taxes sur tous les produits enrichis en sucre, mais il a peur de s’attaquer aux industries agroalimentaires », raconte Anthony Fardet, chercheur en nutrition préventive. En France, la filière betterave-canne-sucre emploie 44 500 personnes et génère un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros. Il s’agit du 10e producteur mondial de sucre et du 1er producteur européen.
Privilégier les aliments bruts
Quels sont les aliments les plus riches en sucre ?
On trouve du sucre partout, pratiquement dans tous les aliments : dans la viande, le jambon, les pâtes, les carottes râpées… À l’état naturel, on trouve du sucre dans les féculents, les fruits, les noix, les noisettes, les légumes, les légumineuses, ou encore dans les produits laitiers. Mais les produits les plus dangereux pour la santé, ce sont les produits industriels et transformés comme les gâteaux ou les céréales pour le petit- déjeuner.
Comment se débarrasser de son addiction au sucre ?
Ce qui rend le plus addictif, c’est le sucre de table. Sucre blanc, sucre roux, sucre complet, sucre de coco, miel, tout ça, c’est la même chose. Il faut environ trois semaines pour se sevrer du goût sucré. Il y a des plantes qui aident comme le gymnéma, par exemple. Quand vous prenez une pastille, ça anesthésie le palais uniquement au goût sucré. Ça dure deux à trois heures, mais le palais est tout à fait capable de sentir les autres saveurs. Il faut éviter de consommer au quotidien des féculents, du pain, et ne manger qu’un fruit par jour. La devise « cinq fruits et légumes », ça ne veut rien dire, c’est révolu.
Comment bien lire les étiquettes des produits qu’on achète ?
Il faut lire la ligne glucides et non pas la ligne sucre. Tout ce qui se termine par « ose », c’est du sucre : lactose, saccharose, fructose… Ces dernières années, on a vu différentes campagnes contre la sur- consommation de sel, alors parfois, sur des étiquettes, on voit inscrit « moins 25 % de sel ». Mais les industriels ont remplacé le sel par le sucre. Tout simplement parce qu’ils ont remplacé un exhausteur de goût pas cher par un autre exhausteur de goût pas cher. Le meilleur conseil que je peux donner, c’est de privilégier autant que possible les aliments bruts et surtout pas transformés. Aujourd’hui, il y a encore trop de personnes qui pensent que ce sont les graisses qui sont néfastes pour la santé et non pas le sucre. C’est une énorme erreur diététique.
Repères.
Depuis 1975, le nombre de personnes obèses a presque triplé dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes – personnes de 18 ans et plus – étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses. 41 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses en 2016.
La même année, plus de 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids ou obèses. Selon une étude, menée depuis 35 ans dans 195 pays et territoires et publiée dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine, le surpoids touchait 2,2 milliards de personnes, soit 30 % de la population mondiale.
Les États-Unis (79,4 millions) et la Chine (57,3 millions) comptaient le plus grand nombre d’adultes obèses. La Chine (15,3 millions) et l’Inde (14,4 millions) avaient le plus grand nombre d’enfants obèses.
Les plus faibles taux d’obésité ont été constatés au Bangladesh et au Vietnam.
SOURCE : Dernières Nouvelles d'Alsace du 5 novembre 2017