Notre façon de nous nourrir influe sur notre équilibre métabolique, mais aussi sur notre plénitude psycho spirituelle. Comment améliorer le lien qui unit notre âme et notre assiette?
Ralentir le rythme.
Notre cerveau met 15 à 20 minutes pour ressentir la satiété. Souvent, nous mangeons trop vite, donc trop copieusement. 10 minutes avant le repas, buvez 2 verres d’eau, puis servez-vous une part raisonnable : les maîtres zen recommandent de ne remplir notre estomac qu’aux trois quarts. Avant de commencer, dites-vous : « Je mange cette portion pour la santé de mon corps et de mon esprit. » Qu’il s’agisse d’un sandwich ou d’un plat cuisiné, mâchez jusqu’à 15 ou 30 fois chaque bouchée : c’est la clé d’une meilleure absorption des nutriments. « Choisissez un objet discret, toujours le même, tel que votre montre, votre portable ou vos lunettes, et posez-le devant vous à chaque repas. Lorsque vos yeux se poseront dessus, vous vous rappellerez qu’il est primordial de ralentir votre mastication », conseille l’hypno thérapeute Carole Jehan.
Au bout de quatre semaines, un nouvel ancrage sera créé. Pour ralentir le rythme, vous pouvez aussi poser vos couverts après chaque bouchée, et ne les reprendre que lorsque celle-ci est avalée. Ou manger avec votre main non directrice, afin de vous obliger à être plus attentif. « C’est un moyen d’initier un changement, constate Carole Jehan. Dans son alimentation, puis dans sa vie. »
Décrypter sa faim
Lorsque nous mangeons, nos besoins physiologiques ne sont pas seuls à l’œuvre. Bandez-vous les yeux pour dîner : non sollicité par la vue, plus à l’écoute de votre intériorité, vous ne terminez pas forcément votre assiette. Au quotidien, soyez attentif aux désirs de nourriture qui émergent en vous. Reconnaissez quand c’est le cœur, et non le corps, qui demande à être nourri. Observez quel sentiment vous habitait juste avant : frustration ? Tristesse ? Solitude ? Irritation ? Ennui ? Anxiété ? Faites la liste des aliments qui vous réconfortent dans ces moments, souvent liés à un souvenir d’enfance ou à la satisfaction procurée par les mets gras, salés ou sucrés. Une fois par jour, retardez la satisfaction d’un désir de manger ; remarquez vos pensées, voyez si cette faim a tendance à s’intensifier ou à s’estomper
« Le but n’est pas de s’interdire à jamais d’utiliser la nourriture pour se faire du bien, souligne la médecin et professeure de zen Jan Chozen Bays, mais de prendre conscience de son pouvoir de séduction, afin d’élargir le cadre de la relation complexe entre le corps et l’esprit. » Si vous cédez à votre envie, optez pour une petite portion, prenez le temps de la savourer.
« Cet espace ouvert nous donne plus de souplesse et plus de liberté pour vivre notre vie comme nous le voulons », estime Jan Chozen Bays. Puis proposez à votre corps des aliments de substitution. À la place d’une barre chocolatée, par exemple, « des tranches de pêche arrosées d’un filet de miel », une boisson chaude, un bonbon… Jusqu’à les remplacer par des nourritures plus subtiles, « satisfaisantes pour le cœur et l’esprit », telles que respirer, marcher, écouter de la musique ou passer du temps entre amis.
Percevoir la source Le moine bouddhiste Thich Nhat Hanh recommande d’apprendre à « voir le soleil, la terre et les travailleurs dans les champs » au travers d’un morceau de pain, d’une salade ou d’une carotte. Une fois par jour, visualisez les facteurs qui ont rendu possible votre repas : ses ingrédients, leur production, leur récolte, leur conditionnement, leur transport, leur mise en rayon, leur préparation… Ressentez le lien, éprouvez de la gratitude envers les gens, les plantes, les animaux et les forces de la nature qui y ont participé. Lorsque vous faites vos courses, demandez-vous d’où viennent les produits, comment ils ont été fabriqués, avec quel respect des espèces, des sols et des populations.
« Comme nous, les aliments sont dotés d’une énergie vitale, plus ou moins chamboulée par ce qu’ils traversent », complète Martine Fallon, auteure de La Cuisine de l’énergie. Vibration optimale pour une eau bue à la source ou des fruits et des légumes frais, bio, cueillis à point ; zéro pointé pour un soda industriel ou une pizza surgelée !
« Une consommation excessive de produits vides en bonnes ondes entraîne en nous une déperdition énergétique, premier pas vers la dépression et la maladie », poursuit Martine Fallon. Sans devenir des « ayatollahs du bien manger », mieux vaut donc éviter « les aliments trop transformés, les cuissons trop agressives, les constituants chimiques qui polluent notre métabolisme, plombent notre énergie » et nous empêchent de nous élever.
Voir sur ce site les risques du régime pizza-cola
Nourrir ses sens
Souvenez-vous comme il est bon de boire un verre d’eau quand on a soif. Au quotidien, cette conscience ne nous habite souvent que l’espace d’1 ou 2 gorgées. Rapidement, le flot de nos pensées ou de la conversation ré accapare notre attention. Prenez un raisin sec, regardez-le longuement, humez-le, portez-le à votre bouche, fermez les yeux, notez les goûts qui surgissent. Puis essayez de pratiquer chaque jour quelques minutes d’« alimentation consciente », en étant « totalement présent au moins à vos 3 premières bouchées et gorgées », propose Jan Chozen Bays.
Une fois par semaine, faites vos courses, préparez le repas et dressez la table joliment, comme si vous étiez votre propre invité. Concentrez-vous sur vos gestes, sur les couleurs des ingrédients, sur leur consistance, leur forme, leur parfum. Contemplez le plat pour en nourrir vos sens, puis savourez-le en silence, sans juger ni comparer. À la clé, « une exquise conscience du moment », dit Marc de Smedt dans Une journée, une vie ; une sensation de ressourcement, de calme, d’unité, d’ouverture à une nouvelle expérience du monde.
Équilibrer ses besoins
Bébés, nous déterminions instinctivement les aliments et les quantités dont nous avions besoin. En grandissant, nous perdons cette sagesse, étouffée par les injonctions de notre environnement. « Les vérités en matière de nutrition se succèdent, remarque Jan Chozen Bays. Pour bien vivre, n’adoptez ni ne rejetez aucun aliment de façon radicale. Ces absolus créent une anxiété chronique. L’esprit s’encombre de règles, le plaisir se perd. » Nous sommes tous différents ; notre alimentation doit s’adapter à notre profil énergétique. Faites confiance à vos cellules, elles sont capables de savoir ce dont elles ont besoin et de vous le communiquer. Avant de manger, demandez-leur intérieurement : liquide ou solide ? Légumes ? Fruits ? Céréales ? Protéines ? De quel type ? Ressentez, observez. Après le repas, écoutez votre corps. Vous vous sentez lourd ? Ballonné ? Votre peau réagit dans les jours qui suivent ? Peut-être est-ce lié à un abus alimentaire, à une intolérance ou s’agit-il d’une réaction à produit peu sain. Peu à peu, vous apprendrez à détecter les aliments qui vous nuisent et ceux qui vous font du bien, à percevoir les nutriments dont votre corps a besoin selon les moments de la journée, votre âge ou votre activité. Vous prendrez conscience que vous êtes le reflet de ce que vous mangez. En attendant, variez vos repas. La vitalité passe par l’équilibre des nutriments et des saveurs à l’échelle de la journée.
Source : INREES 24.02.2015 de Réjane Ereau