Ils savaient concevoir des amphithéâtres à l’acoustique parfaite. Des recherches en Epire (Grèce du Nord) semblent indiquer que les architectes grecs maîtrisaient également l’art de sculpter le silence, et s’en servaient pour manipuler les esprits.
Sur la colline dominant le petit village de Mésopotamos se dresse un imposant complexe architectural, dont les plus anciens éléments datent de la fin du IV° siècle av. J.-C. Probablement construit sur un ensemble antérieur, le site est composé de plusieurs pièces et couloirs entourés par une épaisse enceinte.
Il s’agirait d’un sanctuaire oraculaire associé au royaume d’Hadès, dieu des Enfers, plus précisément d’un nécromanteion, lieu où l’on venait consulter les morts. C’est, du moins, la thèse de l’archéologue Sotirios Dakaris qui y dirigea des fouilles dans les années 1950 puis 1970.
L’Odyssée a permis à Dakaris d’asseoir son hypothèse. Car au chant X, Ulysse reçoit de Circé des indications pour trouver l’oracle des morts, situé, selon la magicienne, à la confluence des fleuves Cocyte et Achéron. Deux fleuves qui se réunissent effectivement à proximité du sanctuaire. La découverte d’une crypte souterraine a renforcé encore l’interprétation de l’archéologue grec, convaincu d’avoir trouvé la mythique porte des Enfers. Une vision discutée.
Parmi ceux qui doutent, le géomorphologue Eric Fouache, professeur à l’université de Paris-Sorbonne, et l’historien François Quantin, maître de conférences à l’université de Pau. Ces chercheurs font remarquer que le tracé des fleuves a pu bouger depuis l’époque d’Homère. D’autres experts pensent que le site est une simple villa fortifiée. Mais pour les spécialistes du site épirote, si l’on ne peut affirmer à 100 % que Dakaris avait raison, prouver le contraire est tout aussi difficile.
De façon inattendue, une « preuve par le son » pourrait venir conforter son interprétation. Un acousticien et un ingénieur grecs ont en effet étudié en détail la crypte, dont le plafond est formé de quinze arches. Ils ont montré qu’elle possédait de bien curieuses propriétés acoustiques. Tout d’abord, le temps de réverbération y est très faible, environ 0,3 seconde. Ensuite, les mesures indiquent un très bas niveau de bruit de fond.
« Cette Crypte se comporte comme une chambre anéchoïque, un lieu sans écho, en somme comme un espace ouvert, totalement silencieux, indique Panayotis Karampatzakis, l’un des deux auteurs de l’étude. Nos modélisations montrent que la succession des arches piège très efficacement le son. C’est un peu comme si les architectes avaient utilisé la loi de Sabine qui relie le temps de réverbération d’un espace fermé à son volume et à sa surface. Mais cette loi n’a été découverte qu’à la fin du XIX° siècle! Il faut imaginer l’effet que cette ambiance produisait sur des gens plongés dans une quasi-obscurité. »
Le psycho-acousticien français Michel Vallet connaît bien le phénomène : « Dans une chambre sans écho, on perd vite son orientation, car l’oreille n’a plus de repères. Au bout de 30 minutes, vous entendez votre cœur battre et ressentez une oppression respiratoire. Très rapidement, votre état mental se désorganise. » Bref, tout ce qu’il faut pour donner l’illusion aux pèlerins qu’ils sont entrés dans un univers parallèle, en l’occurrence celui du roi des morts.
Crypte du nécromanteion de Mésopotamos (Epire – Grèce du Nord)
Le Nécromantion n'est pas une « porte des Enfers » mais plutôt un « parloir des morts », car ce ne sont pas les célébrants qui descendent dans l’Hadès (catabase), mais les morts qui viennent (ou pas) parler aux célébrants grâce aux néquies, rituels qui débutaient par des prières et des séances de recueillement dans le temple, suivies par le partage d’agapes de fèves, de porc, de pain d’orge, d’huîtres, de vin et de narcotiques composés de divers végétaux et champignons. Après une cérémonie de purification par l’eau et le sacrifice d’un mouton, les fidèles descendaient au sous-sol, censément guidés par les divinités grecques chthoniennes à travers un labyrinthe souterrain pourvu de plusieurs portes de fer que l’on n’ouvrait qu’en échange d’offrandes.
S’ils parvenaient au bout (dans le cas contraire, ils devaient recommencer plus tard), ils rencontraient le nekyomantée qui leur posait une série de questions entrecoupées de chants et de prières. Le nekyomantée était censé être en transe et à l’écoute des voix de l’Hadès en raison d’émanations du sol (probablement des fumées de végétaux et des arômes d’huiles essentielles).
Les fidèles, eux aussi plongés dans des états seconds, étaient sanglés et soulevés du sol grâce à un mécanisme qui les faisait « voler » à travers la salle et les fumées. Au début du chant XI de l’Odyssée, Ulysse accompagné par deux de ses compagnons, doit débarquer plusieurs béliers sacrificiels, creuser de son glaive une fosse carrée d’une coudée de côté pour y accomplir trois libations de lait sucré au miel, de vin doux et d’eau pure, le tout couvert de farine, adressées à tous les morts, auxquels il promet qu’une fois rentré à Ithaque, il leur sacrifiera la plus belle de ses vaches. Au défunt devin thébain Tirésias, qu’il était venu consulter, il promet en outre un bélier à la toison noire sans tache. Les ombres des morts s’approchent en foule et Ulysse, tout en leur défendant de se nourrir du sang qu’il réserve à Tirésias, presse ses compagnons de sacrifier les béliers à Hadès et Perséphone et de laisser leur sang couler dans la fosse.
Sources :
Sylvie GRUSZOW Hors série Sciences et Avenir, janvier-février 2014.
Wikipedia.
En marge, toujours à propos du son dans les lieux sacrés,ce lien sur les poteries acoustiques
D'ailleurs chaque édifice sacré comporte presque toujours un "point son".
Dans une église il se trouve souvent soit à l'emplacement de l'ambon, soit au niveau de la chaire....comme par hasard ! Pour couronner le tout, ces emplacements agissent également sur le chakra de la gorge et/ou du cœur, encore un hasard ?
Dans les années 75/80, j'ai visité le sanctuaire d’Asclépion à l’ouest de la ville de Bergama, au pied de l'Acropole.
Asclépieion était un lieu de pèlerinage et de thermalisme qui attirait des fidèles de tout l'empire.
Le nom d’Asclépieion dérive d'Asclépios, dieu grec de la médecine. Le sanctuaire d'Asclépieion était un centre thérapeutique symbolisé par l'image des serpents, site de guérisons merveilleuses où se mêlent religion, médecine traditionnelle, magie, thermalisme et psychiatrie empirique.
Les méthodes de traitement comportaient des sacrifices aux dieux, des prières dans le temple, le sommeil et l’analyse des rêves, de bains d‘eau thermale (chaude et froide), de bains de boue, de soleil et de mer, de frictions, de massages, des médicaments extraits des plantes, de la musique, des spectacles et des jeux faisaient partie de la cure.
Je garde le souvenir d'un lieu étrangement silencieux malgré les bruits ambiants liés au groupe dont je faisais partie.
Et pour clore cette page, je vous propose d'écouter
Profitez-en pour méditer si cela vous convient !
Recherchez également sur le Net :
- 432 Hz
- 396 Hz
De nombreux sites vous permettent d'écouter de la musique en prenant comme référence LA= 432 ou LA=396.
De nos jours depuis 1926 environ, le LA tel qu'il est perceptible par un diapason ou bien encore la tonalité du téléphone vibre à 440 Hz (= 440 vibrations/seconde). Dans le passé le LA affichait 432 Hz ou encore 396 Hz. Selon mes informations 432 Hz est en résonance avec le cœur et 396 Hz avec notre esprit.
De nombreuses théories circulent sur les différents LA.
Écoutez et faites vous votre propre idée...
Autre piste (David Astra)