Pour la première fois en France, une femme qui attribue son invalidité à une hypersensibilité aux ondes électromagnétiques s’est vu accorder une allocation adulte handicapé.
Le 26 août 2015, le tribunal du contentieux d’incapacité (TCI) de Toulouse accordait à Marine Richard une allocation adulte handicapé (AAH) en raison d’un syndrome d’électro-hyper-sensibilité. Cette personne dit souffrir de très forts maux de tête et d’une arythmie cardiaque après exposition de quelques heures aux ondes électromagnétiques.
Pour le Dr Pierre Biboulet, l’expert médical désigné par le TCI de Toulouse, « le handicap dont souffre Marine Richard ne peut pas être nié. Et quand bien même il serait psychiatrique - ce que je ne crois pas - il s’agirait toujours d’un handicap qui, de fait, mériterait d’être pris en charge. À titre personnel, je crois qu’il est de plus en plus difficile de dire que l’électro- hypersensibilité n’existe pas »
On estime que jusqu’à 2 % des Français attribuent aux ondes électromagnétiques les symptômes très divers dont ils souffrent : maux de tête, fatigue inexpliquée, troubles visuels et de l’audition, problèmes de peau (irritation, rougeurs, sensations de brûlure...), troubles du rythme cardiaque, de la mémoire à court terme, etc. La liste est très longue. De tels symptômes sont dits non spécifiques. C’est-à-dire qu’ils pourraient avoir pour cause toutes sortes de maladies, une somatisation, voire une origine psychiatrique, selon certains médecins.
Un flou qui n’a pas empêché l’Organisation mondiale de la santé de donner, dès 2005, un nom à ce lien supposé et controversé : l’hypersensibilité électromagnétique (HSEM). L’OMS précise dans le même temps que « la HSEM ne constitue pas un diagnostic médical », mais se caractérise « par plusieurs symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre ».
En France, le dernier rapport officiel sur les ondes électromagnétiques et la santé humaine a été publié en 2013 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Après avoir passé en revue 308 articles scientifiques publiés entre 2009 et 2012, il concluait à l’absence « d’effet sanitaire avéré chez l’homme ».
Sans en exclure la possibilité.
Aucune preuve d’un lien entre le mal et l’exposition Ce rapport très controversé a été violemment attaqué par les militants et les chercheurs plaidant pour la reconnaissance d’un syndrome spécifique. « On nous reproche systématiquement de rejeter plus d’études allant dans le sens des électro-hypersensibles que l’inverse. Mais la vérité, c’est qu’un certain nombre d’études mises en avant par les associations sont mauvaises sur le plan de la qualité épidémiologique », se défend Jean-François Doré, directeur de recherche émérite à l’Inserm, qui coordonne les rapports de l’Anses « Radiofréquences et santé ».
« Les gens disant souffrir d’électro hypersensibilité sont malades, et il faut s’occuper d’eux. Mais on n’a toujours aucune preuve d’un lien entre le mal dont ils souffrent et l’exposition aux champs magnétiques, argumente Jean-François Doré. Ce serait même plutôt l’inverse. De nombreux travaux ont mis en évidence un effet nocebo [inverse du placebo]. Ainsi, à Saint-Cloud en 2009, des personnes qui avaient constaté l’installation d’une antenne-relais près de chez elles avaient rapporté des malaises et des troubles du sommeil. Sauf que l’antenne n’était pas alimentée, n’avait jamais fonctionné et, donc, n’avait jamais émis d’ondes. Cela dit, l’effet nocebo ne doit pas être sous-estimé, car il peut être très puissant ».
Dernier rapport de l’Anses. (01.04.2016)
Source : Sciences et avenir n°824 - octobre 2015.
Le spectre électromagnétique va des ondes très basses fréquences (lignes à haute tension) aux rayons gamma (explosions cosmiques) , en passant par les ondes radio, micro-ondes, infrarouges (pour les télécommandes), la lumière visible, les UV ou encore les rayons X utilisés en imagerie médicale.
Toutes les ondes peuvent avoir un effet sur l’organisme, mais à des degrés très divers. Une exposition prolongée aux UV peut déclencher un cancer, la lumière du Soleil brûler la peau... Mais l’état des connaissances montre que les risques concernent surtout les rayons dits ionisants, dont la fréquence se situe au-delà de celle de la lumière visible.
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