Pour mieux digérer ou garder la forme, certains n’hésitent pas à adopter des habitudes alimentaires étonnantes. Quels sont leurs effets réels sur la santé ?
Boire un jus de citron au réveil rééquilibre l’acidité du corps.
Faux. L’idée repose sur une observation : malgré son acidité, une fois digéré, le citron alcalinise (désacidifie) nos urines. Mais s’il est vrai que notre pH sanguin doit se maintenir à 7,4 (quasi neutre) alors que nos cellules produisent des déchets acides, avons-nous vraiment besoin de ce jus de citron matinal ?
«Non, il ne régule en rien notre équilibre acido-basique », affirme Floriane Breton, diététicienne et déléguée régionale à l’Association française des diététiciens nutritionnistes. «Notre corps s’en charge très bien tout seul : les poumons, le foie et les reins éliminent déjà les composes acides. En revanche, l’acidité du citron érode l’émail dentaire.»
Conclusion : au réveil, il vaut mieux boire un verre d’eau et manger un fruit ”riche en vitaminesC.
Manger cru préserve les vertus nutritionnelles des aliments.
Vrai Comme souvent, la tendance est venue des États-unis. Les aliments ne sont pas chauffés au-delà de 42°C pour ne pas détruire les vitamines ni générer des composés toxiques. L’avantage du régime crudivore ? Il fait la part belle aux fruits, légumes et graines. Il est en revanche parfois difficile à digérer : l’abondance de fibres crues peut causer des ballonnements et des douleurs intestinales.
MAIS la cuisson ne présente pas que des inconvénients. Elle détruit des molécules toxiques, contenues dans les pommes de terre ou les haricots verts crus, par exemple. Elle améliore la disponibilité de substances comme le lycopéne, précieux antioxydant des tomates. Et, surtout, elle nous protège des microbes infectant parfois les aliments : salmonelles, ver solitaire ou listeria ne résistent pas à la cuisson.
Épicer les plats au curcuma prévient le cancer.
Faux Cette épice orientale — utilisée en médecine chinoise et ayurvédique depuis des millénaires — a démontré des effets anti-inflammatoires chez l’animal et sur des cellules en culture. Mais pas chez l’homme! On prête bien trop de vertus à son principe actif, la curcumine : anti oxydante, anticancéreuse, détoxifiante, anti-bactérienne. . . Une équipe américaine a passé en revue plus de 135 essais cliniques testant les effets de cette molécule sur plusieurs maladies.
Aucun n’a eu de résultat positif. « La curcumine est instable, réactive, non assimilable. C’est donc une piste très improbable », écrivent ces scientifiques, pour qui l’emballement autour de ce pigment aurait fait « beaucoup de bruit pour rien». Mais en octobre 2017, des chercheurs de l’Université de Californie ont montré que la curcumine modifiée chimiquement (pour être mieux absorbée par l’intestin) améliorerait la mémoire et l’attention.
Boire de l’eau de bouleau détoxifie l’organisme.
Faux Les promesses de l’eau de bouleau sont dignes d’un élixir de printemps : élimination des toxines, stimulation des défenses immunitaires, reminéralisation du corps, perte de poids, prévention du vieillissement. .. Certes la sève de l’arbre récoltée à la fin de l’hiver contient bien des sels minéraux, des antioxydants et des acides aminés, mais «il n’existe aucune preuve scientifique de ses prétendus bienfaits, dénonce la diététicienne Floriane Breton. Une eau minérale riche on calcium et en magnésium aurait le même effet. » Un produit de plus, donc, à ajouter sur la liste des remèdes détox aussi fantaisistes que coûteux. .. « La nature est bien faite : notre corps élimine naturellement les déchets, précise la spécialiste. Nous n’avons pas besoin de tels artifices.»
Faut-il jeûner de temps en temps pour être en forme ?
Les vertus prêtées au jeûne n’ont à l'heure actuelle pas de base scientifique. « Les études rigoureuses manquent», pointe le psychiatre spécialiste de l’anorexie Bruno Falissard, qui a participé à une évaluation de [’lnserm, bien en peine de conclure sur les bienfaits ou les méfaits du jeûne. «Dans l’idéal, il faudrait affecter au hasard les personnes dans deux groupes, l’un qui jeûne et l’autre non. Or décider de jeûner par tirage au sort, ce n’est pas évident! Cela s’inscrit dans une réflexion globale sur son mode de vie » Fin 2017, le Réseau National Alimentation Cancer Recherche a constaté de son côté que l‘effet protecteur du jeûne n’est prouvé ni lors d’un cancer ni en prévention. Une certitude: il est a proscrire chez les jeunes en croissance et les femmes enceintes. Et, dans tous les cas, la prudence reste de mise : un suivi médical est recommandé.
Source : Ça m’intéresse, mai 2018.
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