Les nombres entretiennent le mystère, jetant un pont symbolique entre le tangible et l’intangible, les mathématiques et l’occulte. Beaucoup ont tenté de déchiffrer leur mélodie secrète. De la kabbale à la numérologie, en passant par notre société numérique, décodons ces sacrés numéros !
« Toute chose est nombre », affirmait Pythagore.
Même si l’on n'est pas féru de mathématiques, l’énigme des nombres parle... au plus grand nombre ! « Le problème, c’est qu’ils (nous) sont naturels – l’être humain a toujours compté, ne serait-ce que pour dénombrer les bêtes d’un troupeau – mais les nombres nous posent des questions qu’on ne sait pas résoudre. On éprouve un sentiment d’inquiétante étrangeté, comme dirait la psychanalyse : profondément ancrés en nous, ils nous résistent pourtant. Même si les mathématiques sont une très vieille science, énormément de problèmes restent ouverts », explique le mathématicien Gérald Tenenbaum, spécialiste de la théorie des nombres et professeur à l’Institut Élie Cartan de Lorraine, par ailleurs romancier.
Mathématiques, société numérique et poétique des nombres
Avec les mathématiques, les nombres se définissent matériellement, cherchant à passer de l’ombre de l’insaisissable à la lumière de la connaissance, tout en gardant leur attache avec le mystère. Pour beaucoup, cette science des nombres semble hermétique et plutôt inutile dans la vie de tous les jours. Or, elle est éminemment vivante, galvanisée par la recherche et ancrée dans l’ADN de notre société moderne. « Avec l’avènement du numérique, les nombres sont au coeur de toute notre technologie. Nous en sommes à coder l’information », décrypte Gérald Tenenbaum. Exception faite des mathématiques appliquées, les mathématiciens conservent un lien avec la part d’infini des nombres et leur poésie. « Je conçois plus les mathématiques comme un art. Je travaille pour la beauté des concepts, par envie de comprendre. Le paradoxe, c’est que si les mathématiques s’expriment dans la rigueur, elles ne se créent pas dans la rigueur. Les représentations mentales que se forgent les mathématiciens de leurs objets, qui s’avèrent parfois extrêmement compliquées, sont nécessairement simplifiées – donc, par là même, un petit peu fausses, mais c’est ce qui permet de penser. En revanche, lorsqu’on rédige des démonstrations, elles doivent être rigoureuses et vérifiables par les autres mathématiciens, mais les idées sous-jacentes sont issues d’un bouillonnement très affectif ! »
Une portée symbolique
Au-delà des réalités concrètes, les nombres s’enrichissent de valeurs symboliques. Nous les interprétons, par analogie, comme porteurs de sens, hors de leur fonction de calcul. Le nombre se fait donc aussi symbole. « Il est clair que les nombres et leur signification symbolique, occulte, ont toujours fasciné les êtres humains, dans toutes les cultures. Pensez à la kabbale, par exemple. Dans ce courant ésotérique, on associe aux lettres hébraïques des valeurs numériques. On joue ensuite avec ces valeurs numériques pour retrouver du sens. Autrement dit, on part du sens, on le code avec des nombres... et ensuite on le décode. D’une certaine façon, on retrouve ça dans l’usage du numérique », éclaire Gérald Tenenbaum, dont le roman à venir présentera une structure peu ou prou reliée à la kabbale. Plus précisément, chaque lettre de l’alphabet hébreu revêtant une valeur numérique (de 1 pour aleph, la première lettre, à 400 pour tav, la dernière lettre), on « numérise » chaque mot en additionnant la somme des lettres. Les valeurs numériques deviennent alors des révélateurs de sens seconds, cachés.
Il existe des méthodes d’interprétation variées, qui entrent dans ce que l’on appelle la guématrie (gematria ou numérologie hébraïque). L’un des exemples bibliques les plus célèbres de guématrie, rappelle Gérald Tenenbaum, est celui que l’on trouve dans l’Apocalypse selon Saint-Jean concernant le chiffre 666, censé désigner la Bête, qui correspond à la valeur numérique de Néron... Le symbolisme des nombres imprègne aussi les autres cultures, de l’Égypte antique à la civilisation chinoise. « L’Un engendre le Deux, le Deux engendre le Trois et le Trois engendre les Dix mille êtres. » Ces lignes du Tao te king illustrent combien l’usage des nombres est ancré dans la Chine traditionnelle. « Cette dimension de la symbolique des nombres apparaît comme une clé de lecture indispensable pour appréhender la civilisation ou lire les grands textes fondateurs de la pensée chinoise, comme le Livre des Mutations (le Yi King) », explique Élisabeth Rochat de la Vallée. « Nous vivons avec cette symbolique des nombres, influencée par la culture, et cela agit sur notre appréhension du monde. Prenons l’exemple des religions monothéistes : quand il y a « un » (dieu), il n’y a pas de place pour deux. Le Dieu du voisin n’est donc pas un dieu ! Vous voyez les conséquences que cela a sur l’histoire de l’humanité », relève Gérald Tenenbaum.
De l’abstraction à la vibration
En écho à notre quête de sens (signification et direction), la numérologie, de nos jours, propose une utilisation pratique et humaniste des nombres. Cet outil se fonde sur l’étude des vibrations qui nous relient aux nombres – qu’ils soient attribués aux lettres de l’alphabet à travers notre prénom et notre nom, à notre date de naissance ou aux années qui s’égrènent en cycles au cours de notre vie. Tous éclairent, par analogie, des facettes de nos potentialités, notre « valeur ajoutée ». « Historiquement, la numérologie, intimement liée à la psychologie, apparaît au début du XXe siècle, aux États-Unis. Le nombre, créé par la logique de l’Homme, ne serait plus seulement un outil mathématique, mais aussi un champ de représentation symbolique de l’activité humaine. Par l’étude de ce champ, chaque individu peut être amené à mieux se connaître et, par-delà, à utiliser au mieux ses possibilités intrinsèques », souligne Boris Marinovitch, membre de l’Association internationale de numérologie (USA). Ce travail initiatique met l’accent sur le libre arbitre.
Le numérologue sert de révélateur mettant en lumière la boîte à outils dont chacun dispose pour son chemin de vie. Il donne l’horaire des trains – soit des indications sur les différentes périodes de l’existence. Mais libre à chacun d’y entrer ou pas », précise la numérologue Valérie Besnard. Ce ne sont pas des nombres en tant que tels qui sont communiqués, mais bien leur qualité. « Devenu nombre, le chiffre n’est plus une simple abstraction permettant un raisonnement logique, il est aussi le véhicule d’une vibration énergétique et symbolique », analyse la numérologue et astrologue Viviane Cangeloni. Les nombres délivrent donc des messages. Des balises sur la route.
Des repères sur votre chemin de vie
En numérologie, le chemin de vie donne des indications sur l’énergie qui anime votre destinée, à partir de votre date de naissance.
Comment faire ?
Additionnez jour + mois + année de naissance, puis réduisez pour obtenir un chiffre entre 1 et 9 (certains numérologues conservent le 11, au lieu de le réduire à 2).
Exemple
Né le 13 mars 1973 ? 13 + 3 + 1 + 9 + 7 + 3 = 36 = 3 + 6 = 9. Votre chemin de vie est 9.
1° Chemin de vie : Innovation Élan vital, réalisation personnelle, action, activité libérale, liberté, efforts, rebondissements… Défi : trouver la stabilité dans l’action et éviter qu’une forte individualité ne se transforme en tyrannie.
2°Chemin de vie : Dualité Créativité, fertilité, émotion, sensibilité, versatilité, insatisfaction, sensualité, dissonances… Défi : au lieu de la dualité, faire du 2 un chiffre d’harmonie en le conjuguant sur le mode association, collaboration, empathie.
3° Chemin de vie : transmission Nature, autodidacte, rebelle, originalité, éveil, milieu artistique, introversion… Défi : transmettre pour s’ouvrir, communiquer et éviter une solitude autodestructrice.
4° Chemin de vie : autorité Travail, reconstruction, différence, talent caché, méthode, force intérieure, peur de perdre… Défi : le lâcher-prise. Utiliser avec justesse l’autorité et le pouvoir décisionnel pour intégrer qu’on ne peut pas tout contrôler.
5° Chemin de vie : aventure Adaptation, changements de cap, courage, obstacles, audace… Défi : l’appel vers l’inconnu et virages de l’existence ne peuvent être constructifs que s’ils tiennent compte des autres.
6° Chemin de vie : Harmonie Amour, famille, justice, dévouement, perfectionnisme, renoncement, écoute, conseil, émotivité, orgueil… Défi : laisser les autres faire leurs apprentissages et se recentrer sur soi pour aimer sincèrement et être aimé en retour.
7° Chemin de vie : Initiation Charme, spiritualité, philosophie, seul dans la foule, mort symbolique, intelligence, voyage, destinée… Défi : valoriser les échecs comme une chance d’évoluer et jouer du talent plus que du charme pour réussir.
8° Chemin de vie : Matérialité Fortune/revers, gestion, détermination, recherche d’équilibre, exigence, ambition… Défi : avoir vis-à- vis de l’argent et de la réussite une attitude saine et respectueuse pour atteindre l’équilibre.
9° Chemin de vie : Dépassement Psychisme, hautes connaissances, auto-apprentissage, imaginaire, transformation intérieure… Défi : découvrir sa mission (professionnelle, artistique, sociale...), voire la médiumnité.
10° Chemin de vie : Destinée hors-norme Révélation, précocité, mission, intelligence, magnétisme, inflexibilité, connaissances nouvelles, énergie, responsabilité… Défi : cohabiter avec les messages du 2. Maintenir son cap en assouplissant ses convictions, tout en faisant confiance à la vie, à l’intuition.
Divine Proportion
Quel est le point commun entre les capitules d’un tournesol, la pyramide de Khéops ou le Sacrement de la dernière cène de Salvador Dali ? Le nombre d’or ! Présente dans la nature, cette proportion mythique, symbole de beauté et d’harmonie universelle, fascine l’humain depuis l’Antiquité. Sans rentrer dans les détails de l’équation, la valeur approximative du nombre d’or est : 1,6180339887. Cette proportion dite « divine » est désignée par la lettre grecque φ (Phi), en hommage au sculpteur grec Phidias qui décora le Parthénon à Athènes. Ses origines restent mystérieuses, mais pourraient remonter aux Pythagoriciens : le pentagramme, étoile à cinq branches, symbole qui inclut le nombre d’or et ayant une forte valeur symbolique pour les Grecs, aurait ainsi été leur signe de ralliement. Platon, dans ses travaux, parle de l’existence d’une proportion qui serait la clé de la physique cosmique. Mais c’est Euclide qui, en 300 av. J.-C., énonce dans ses Éléments un théorème qui traduit pour la première fois le nombre d’or en langage mathématique. Depuis, du célèbre homme de Vitruve de Léonard de Vinci à la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier, en passant par les œuvres musicales de Bach ou de Xenakis, le nombre est d’or et imprègne, parfois inconsciemment, la création.
SOURCE :INREES 28.05.18
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La géométrie sacrée : perfection de la nature