Linky se déploie par le sud.
Dans le sud de l’Alsace où les consommateurs sont abonnés d’EDF, les foyers sont progressivement équipés de compteurs communicants Linky. Plus au nord, dans les collectivités desservies par des distributeurs locaux, le déploiement attendra encore deux ou trois ans. Mais l’opération ne va pas sans questionnement.
Interrogeable et actionnable à distance, Linky est la nouvelle génération de compteurs d’électricité qui devra équiper tous les foyers français d’ici 2021, conformément à une directive européenne puis à la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Il est peu à peu déployé sur le territoire par ERDF, gestionnaire du réseau français d’électricité, à commencer en Alsace par le sud de la région, auprès des abonnés d’EDF.
Les opérations ont commencé à la mi-décembre à Mulhouse où 1 000 de ces boîtiers Linky ont déjà été posés. « En 2016, nous en installerons 50 000 dans l’agglomération et 385 000 à terme dans la région, essentiellement dans le Haut-Rhin et en Centre Alsace, explique Jean-Luc Spaeth, directeur territorial d’ERDF. Sélestat sera concernée en 2017 ». À Strasbourg et sa région (où la distribution est assurée par l’ÉS), Colmar (Vialis), Neuf-Brisach, Erstein, Sarre-Union et toutes les autres collectivités où opèrent des fournisseurs locaux, le déploiement n’interviendra qu’à partir de 2018 au plus tôt, la réglementation encadrant la fourniture par des services locaux d’électricité n’étant pas encore entièrement définie.
Avantages…
En remplacement des compteurs électromécaniques ou électroniques des précédentes générations, ces appareils vert fluo dits communicants (d’où le nom de smart grid, réseau intelligent en anglais) simplifient les transmissions de données : les relevés se font à distance, automatiquement, directement, sans rendez-vous, par ondes électromagnétiques. Pareil pour les éventuelles modifications de contrat ou de puissance.
Les compteurs Linky permettent ainsi de généraliser la facturation mensuelle à la consommation réelle, de détecter les pannes à distance, d’intervenir plus rapidement, bref, de garantir une meilleure qualité de service.
Grâce à Linky, l’abonné pourra suivre plus précisément sa consommation (en ligne) et donc, en théorie, mieux la maîtriser. Ce type de compteur facilite en outre l’intégration dans le réseau de distribution des sources d’énergie intermittentes que sont les énergies renouvelables. ERDF assure que le coût du déploiement sera neutre pour les clients : la commission de régulation de l’énergie a estimé que les investissements nécessaires à un déploiement généralisé seraient couverts par les économies réalisées. A priori, il ne devrait pas y avoir de surcoût pour l’abonné mais les associations de consommateurs ont promis de surveiller la facture.
… et inconvénients
Le déploiement créera des emplois mais seulement jusqu’en 2021. Par la suite, l’automatisation des communications fait craindre de possibles licenciements puisque les agents n’auront plus à se rendre chez les abonnés qu’en de très rares occasions.
Les données collectées pourraient de plus être utilisées à des fins commerciales ou pire, malveillantes. Des cambrioleurs un peu versés dans l’informatique pourraient en déduire les heures d’absence des occupants d’un logement, ou des petits malins être tentés de faire baisser leur facture d’électricité... ERDF garantit certes la confidentialité des données mais quid d’un éventuel piratage ? Voire d’une cyberattaque ? Des smart grids semblables ont dans d’autres pays déjà été désactivés par des virus informatiques. Les données sont chiffrées et sécurisées, rétorque le gestionnaire
La principale inquiétude vient de l’utilisation de la radiofréquence pour assurer la communication via la ligne électrique. Ces signaux véhiculés par le courant porteur en ligne (CPL) ajoutent encore au smog électromagnétique qui nous entoure et dont l’innocuité fait débat (lire ci-dessous). « Mais Linky émet autant d’ondes que le compteur bleu qui commande les heures creuses et les heures pleines. Et 330 000 fois moins qu’un téléphone portable. On est largement en dessous des seuils autorisés », explique Jean-Luc Spaeth aux particuliers ou communes qui interrogent ERDF sur les éventuels effets sanitaires. Il leur expose également tous les bénéfices clients et au terme des discussions, « même les plus réticents » se rangent aux arguments d’ERDF.
Mais les débats se poursuivront vraisemblablement au rythme du déploiement d’autant que les distributions d’eau et de gaz de ville seront elles aussi prochainement concernées par le remplacement des compteurs par des équipements connectés.
Les communes peuvent s’y opposer Même si la puissance des ondes émises par les compteurs Linky via la technologie des courants porteurs en ligne (CPL) est bien inférieure à celle des téléphones portables, on peut s’interroger sur leurs effets cumulatifs, question relayée par des associations comme Robin des Toits ou Next-up et des personnes électrosensibles. Les radiofréquences du type de celles émises par les smart grids ont été reconnues comme potentiellement cancérogènes par le CIRC (centre international de recherche sur le cancer), au même titre que les ondes de téléphonie mobile ou le wifi. Plusieurs pétitions sont ouvertes à la signature sur le net, y compris à l’échelle internationale, pour s’opposer à leur généralisation.
Si les particuliers n’ont pas le droit de refuser les nouveaux boîtiers intelligents (la loi ne prévoit toutefois aucune sanction), les communes elles, peuvent s’opposer, en tant qu’autorité concédante, à leur déploiement sur leurs territoires. Elles sont en effet propriétaires des compteurs électriques au même titre que des réseaux de distribution d’électricité basse et moyenne tension ; ERDF, ou tout autre gestionnaire local, n’en est que concessionnaire. Si des collectivités estiment devoir protéger leurs administrés de nouvelles ondes, elles peuvent prendre une délibération en ce sens.
Des usagers inquiets pour leur santé Le courriel publicitaire annonçant l’arrivée de Linky que cette lectrice d’Altkirch a reçu dans sa boîte mail l’a d’abord intriguée. Puis franchement inquiétée. « J’ai commencé à rechercher sur Internet ce qu’étaient exactement ces compteurs Linky pour découvrir que l’objet émet fortement des ondes électromagnétiques », explique cette Sundgauvienne qui souhaite conserver l’anonymat. « Des associations bien informées qui étudient le problème des ondes, comme Robin des Toits, émettent les plus grandes réserves au sujet de cet appareil. Il semble même, en tous les cas selon mes recherches sur le web, qu’au Canada plusieurs communes ont refusé l’implantation de tels compteurs », poursuit cette habitante d’Altkirch.
Outre la question de l’émission d’ondes électromagnétiques, notre lectrice craint aussi des « risques d’atteinte à la confidentialité des données ». Et s’interroge sur la finalité de cette installation qui, selon elle, pourrait avoir un impact social négatif : « Le but est de dégraisser chez ErDF en supprimant des postes d’agents chargés de relever les compteurs ». Cette Altkirchoise en appelle aux élus pour qu’ils fassent preuve de la plus grande prudence en la matière. Elle s’en est déjà ouverte auprès de certains d’entre eux, comme le maire écologiste de Manspach, Daniel Dietmann.
Ce dernier confirme avoir été sensibilisé au sujet par « quelques personnes ». « Pour le moment, ma commune n’est pas concernée et je n’ai pas approfondi la question. Néanmoins, il est clair que si l’implantation de ces compteurs Linky venait à être à l’ordre du jour à Manspach, la municipalité examinerait la question avec précaution. Implanter des mini-antennes sur le domaine public n’est pas anodin. Les quelques recherches que j’ai faites sur le sujet m’ont par exemple appris que plusieurs communes de l’ouest de la France s’étaient déjà opposées à l’installation de ces Linky », conclut l’élu sundgauvien qui rappelle que le plan local d’urbanisme (PLU) de Manspach n’autorise pas l’implantation d’antennes de téléphonie mobile. 1000 compteurs à Strasbourg
Si l’ÉS (Électricité de Strasbourg) attend le cadre réglementaire réservé aux fournisseurs locaux avant de déployer les nouveaux compteurs auprès de son demi-million d’abonnés, elle a déjà testé sa capacité à le faire. 1 000 de ces compteurs ont été installés dans des foyers bas-rhinois à Bietlenheim, Donnenheim, Eckbolsheim, Geispolsheim, Mundolsheim, Souffelweyersheim, Illkirch-Graffenstaden et Strasbourg. « Les tests ont été menés pendant deux ans, de juillet 2013 à juillet 2015, dans divers environnements : rural, urbain et en habitat très dense, sur des réseaux souterrains et aériens, détaille Jean-Claude Mutschler, directeur d’ÉS réseaux. Le taux de réussite est très proche de 100 % ». Les transmissions en CPL entre les compteurs et les postes électriques où l’information est concentrée avant d’être redirigée par le réseau GSM jusqu’à la plateforme nationale Linky d’ERDF « ont parfaitement fonctionné ». Et du côté des abonnés, il n’y a eu ni refus, ni réclamations. Linky : son déploiement financé par les utilisateurs ? Le compteur Linky ne cesse de faire polémique depuis le début de son déploiement il y a deux ans. Photo Julio PELAEZ La Cour des comptes avait ouvert les hostilités dans son rapport annuel, début février, soulignant que le déploiement du compteur électrique Linky coûtera 5,4 milliards d’euros, avec des gains pour les consommateurs jugés « encore insuffisants ». L’association d’UFC-Que Choisir a enfoncé le clou jeudi en lançant une pétition pour que les consommateurs n’aient pas à supporter ce coût. « Vous allez payer 15 euros par an pendant dix ans pour permettre à Enedis d’installer un compteur communicant pour lequel vous n’avez aucune contrepartie », interpelle UFC-Que Choisir dans le document qui a déjà recueilli plus de 80 000 signatures. Déploiement jusqu’en 2021 Actuellement, seuls les ménages les plus modestes peuvent bénéficier d’un affichage de leur consommation dans leur logement sans surcoût. « En l’état, les compteurs Linky ne sauraient donc garantir une meilleure maîtrise de la consommation énergétique par les ménages ! », a estimé l’UFC-Que Choisir. L’association demande aux autorités d’« améliorer le dispositif » et de « revoir les conditions de financement du compteur, et notamment les conditions de rémunération d’Enedis » que la Cour des comptes avait jugé « généreuses ». La commission de régulation de l’énergie (CRE) a réagi en affirmant que « son financement sera totalement neutre pour les clients grâce aux nombreux gains que ces compteurs permettront, notamment pour maîtriser la demande d’énergie », peut-on lire dans un communiqué publié hier. Le déploiement de Linky par Enedis, filiale d’EDF, a débuté il y a plus de deux ans (7 millions de compteurs installés) et est encore en cours en France (l’objectif est de 35 millions d’ici à 2021). Ce compteur n’en finit pas de susciter la colère de certains usagers qui critiquent des dysfonctionnements après la pose des compteurs. Ce compteur communique les informations relatives à la consommation d’électricité des usagers directement au fournisseur.
SOURCE : DNA du 10 mars 2018
Mulhouse est déjà équipée à 87 % de compteurs Linky. Archives L’Alsace/Thierry Gachon
Énergie Linky : le point à mi-parcours
143 000 compteurs Linky ont déjà été installés par Enedis en Alsace sur les 388 000 prévus à fin 2021. Le boîtier vert fait toujours aussi peur, mais l’opérateur assure que « tout se passe bien ».
« La façon dont Enedis a communiqué sur Linky sera peut-être étudiée un jour comme contre-exemple », écrit 60 millions de consommateurs dans son numéro d’octobre consacré aux fameux compteurs intelligents. À trop vouloir rassurer par des formules simplistes, à trop insister sur une vie plus facile et à trop mettre les points de crispation sous le tapis, l’opérateur n’aurait pas assez communiqué sur la vraie raison d’être du Linky : l’adaptation au caractère intermittent des énergies renouvelables et plus largement aux nouveaux modes de consommation énergétique. Ce jeudi, Enedis conviait la presse régionale pour faire le point à mi-parcours du déploiement en Alsace. Et il est vrai que le « tout se passe très bien » du directeur territorial Alsace Franche-Comté Philippe Champeval faisait un bel écho au dossier du magazine…xxxx Même s’il est possible qu’effectivement le déploiement se déroule de meilleure façon que peuvent le laisser penser les centaines d’articles alarmistes sur le nouveau compteur. Avec 143 000 familles alsaciennes équipées (130 000 dans le Haut-Rhin et 13 000 dans le Bas-Rhin), l’opérateur a atteint 37 % de son objectif, à savoir 380 000 foyers fin 2021. Une enquête de satisfaction est envoyée à chaque client équipé : « Le taux de satisfaction est supérieur à 80 % », poursuit Philippe Champeval, sur un taux de retour de « 20 à 25 % ». Le mécontentement des usagers porterait essentiellement sur la pose du compteur.
Le directeur en déduit que les gens « ont compris l’utilité du Linky » : la télérelève ; des données de consommation ultra-précises permettant de s’organiser pour faire des économies ; des offres spéciales adaptées à son mode de consommation… Philippe Champeval évoque, par exemple, l’expérimentation à Mulhouse d’une base de données pour la ville et la M2A. « Cela leur permet de voir où la consommation est excessive, de comparer la consommation de deux bâtiments, de voir si les investissements ont été efficaces, etc. »
Le directeur évoque aussi « la transition énergétique qui passe par l’intelligence des réseaux », le compteur devenant « le pivot de l’autoconsommation ». Anne-Marie Goussard, de l’équipe Linky Paris, rappelle qu’« il y a aujourd’hui 410 000 producteurs d’énergies renouvelables, contre moins de 6 000 il y a dix ans ! Et ça augmente de 20 000 à 30 000 par an ». L’installation a débuté en décembre 2015 dans le Haut-Rhin et novembre 2017 dans le Bas-Rhin. Pour exemple, Mulhouse est déjà équipée à 87 %, Sélestat à 57 %. « On pose 350 compteurs par jour en Alsace », précise Damien Bermon, chef d’agence Alsace Franche-Comté. Trois entreprises de pose sont au charbon : OK Service, Solutions 30 et Sogetrel. « C’est 40 poseurs, 4 chefs d’équipe, une dizaine de planificatrices. » « Pas question d’aller au casse-pipe »
L’équipe d’Enedis n’est pas très diserte sur les éventuels problèmes rencontrés lors du déploiement. Aucun chiffre sur le nombre de refus individuels, de délibérations municipales visant à bloquer le Linky, d’incidents post-pose du compteur… « Il y a eu 86 jugements au tribunal administratif en France avec 86 fois la même réponse », se borne à indiquer Anne-Marie Goussard (en faveur d’Enedis, on le sait). « On est dans une démarche positive, renchérit Philippe Champeval. On est un service public, on discute avec les mairies, on tient des permanences pour les particuliers, pour expliquer. » Et, à l’entendre, le dialogue s’avère souvent efficace. En cas de résistance, pas question d’aller au casse-pipe. « Il a été dit aux poseurs de ne pas faire du forcing s’ils se retrouvent face à quelqu’un d’agressif. En Alsace, on a eu des insultes, mais jamais de violences physiques », indique Damien Bermon. Colmar : Enedis et huit entreprises locales.
Si Enedis est le principal gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France, il n’installera « que » 388 000 compteurs en Alsace, un gros tiers des foyers (une grande partie du Haut-Rhin, le sud Bas-Rhin et l’Alsace bossue). Les quelque 600 000 autres seront déployés par huit ELD, entreprises locales de distribution, comme Vialis à Colmar et Électricité de Strasbourg dans le Bas-Rhin. Ces dernières n’ont pas encore débuté ; elles ont jusqu’à 2024 pour accomplir leur « mission ».
SOURCE : DNA du 29 septembre 2018
Unis contre le Linky
Vingt-trois élus du Haut-Rhin ont créé une association pour défendre la liberté de choix des citoyens contre l’installation systématique du nouveau compteur d’Enedis.
Les élus opposés au compteur Linky appellent leurs collègues du Haut-Rhin et des alentours à les rejoindre. Photo L’Alsace/Romain Gascon
« Notre objectif n’est pas de dire qui a raison ou tort. Nous exigeons simplement que la parole de nos concitoyens soit entendue, la propriété privée défendue, et l’intérêt citoyen respecté. C’est notre rôle d’élus », a d’emblée souhaité clarifier Bertrand Ivain, le maire de Saint-Bernard, au moment où s’ouvrait l’assemblée générale constitutive du Rassemblement d’élus pour les libertés citoyennes alternatives au Linky, la semaine dernière à Burnhaupt-le-Bas. Défendre la liberté de choix du citoyen contre l’installation obligatoire et systématique des compteurs communicants d’Enedis, c’est la raison première de l’association d’une vingtaine de maires, adjoints et conseillers départementaux du Haut-Rhin.
La technologie du compteur contestée « Dans ma commune, 80 % des administrés se sont prononcés contre l’installation du compteur Linky, explique Jeanne Stoltz-Nawrot, maire d’Husseren-Wesserling. Les élus adhérents à l’association ne sont pas forcément opposés au développement d’un “smart grid” [un réseau électrique « intelligent », pour optimiser la distribution, NDLR]. Le problème, c’est la technologie : nous refusons en bloc le choix du Linky. » Alain Grieneisen, le maire de Burnhaupt-le-Bas, déplore : « Il existe des solutions certes plus onéreuses, mais aussi plus fiables. Malheureusement, Enedis est engagé dans une fuite en avant. » Bertrand Ivain décrit la situation qui a conduit à la naissance de l’association : « Depuis au moins deux ans, nous sommes confrontés au mécontentement de nos administrés. Linky, c’est un élément de plus qui alimente la colère qu’on voit poindre partout. »
Les élus relatent des cas dans lesquels les sous-traitants d’Enedis n’ont pas respecté une propriété privée, ou ont installé des compteurs en dépit d’une délibération municipale opposée, sans que le passage du maire ou l’intervention des brigades vertes ne permettent de stopper les travaux. Ils évoquent des cas de « souffrance » parmi les citoyens et dénoncent une « forme de violence ». « Mettre une telle pression sur les gens, c’est inacceptable, témoigne un élu. On tourne les choses comme on veut pour faire du business. »xxxx Les pressions s’exercent aussi sur les élus, selon Bertrand Ivain : « Il peut arriver qu’Enedis empêche la commune de bénéficier des subventions pour l’enfouissement des réseaux électriques octroyées par le Syndicat d’électricité et de gaz du Rhin, alors que la décision a été actée en séance plénière. » Pour les élus réunis en association, Enedis, « en continuant à avancer à toute allure, foule aux pieds le droit et la démocratie ».
« Porter la voix des citoyens » Alain Grieneisen résume l’enjeu : « Les éléments de langage d’Enedis se retrouvent jusque dans l’Association des maires du Haut-Rhin. Nous ne faisons pas le poids face à des cabinets d’avocats. Notre rassemblement va nous permettre de nous faire connaître de tous les maires, de fédérer, de mutualiser. Quand on est plus nombreux, on peut se faire entendre. » Le conseil collégial de l’association « doit permettre aux élus de s’entraider face aux attaques juridiques d’Enedis et de l’État français […], de contre-attaquer […] et de porter la voix des citoyens », précisent les statuts.
Économiques, sanitaires ou environnementaux, les arguments avancés par les opposants au déploiement obligatoire du compteur ne manquent pas. « Les usagers vont être spoliés de droits élémentaires, avec un dispositif qui va potentiellement les rendre malades et, par son coût, va accroître leur précarité », résume Bertrand Ivain.
Fabien Ulmann, le maire de Seppois-le-Haut, complète : « La Cour des comptes a épinglé le coût de l’opération, qui rapportera à Enedis environ 500 millions d’euros. Linky permettra aussi à terme à l’État de recueillir une nouvelle taxe déjà créée, la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques). » Jeanne Stoltz-Nawrot dénonce « une hérésie du point de vue environnemental » et « l’obsolescence programmée du compteur ». La vulnérabilité des données privées est également au centre des préoccupations.
« N’oublions pas que les élus sont en première ligne, rappelle Alain Grieneisen. Actuellement, aucune assurance ne couvre les effets des ondes électromagnétiques. En cas de conséquences sanitaires, les communes devront compenser sur leurs revenus propres. » Les élus de l’association appellent leurs pairs du Haut-Rhin et des départements limitrophes à les rejoindre, en prenant contact avec eux.
SOURCE : DNA du 20 décembre 2018
Alsace Déjà 160 500 installés en Alsace.
Philippe Champeval, directeur délégué aux affaires territoriales chez Enedis.
Photo L’Alsace/Darek Szuster
Enedis (ex-ERDF) a récemment fait le point sur le déploiement du Linky dans la région. À ce jour, 160 500 compteurs communicants ont été posés en Alsace, sur les 388 000 qui doivent l’être d’ici fin 2021 : soit déjà 143 000 dans le Haut-Rhin et 17 500 dans le Bas-Rhin (où Électricité de Strasbourg dessert la grande majorité des communes). Plus de 85 % des foyers sont équipés à Mulhouse, Pfastatt, Lutterbach, Reiningue, Galfingue…
« Globalement, l’installation se passe très bien », assure Philippe Champeval, directeur délégué aux affaires territoriales Alsace Franche-Comté chez Enedis. Il avance le chiffre de 85 % de satisfaits parmi les habitants équipés et évoque des « contraintes localisées », avec des refus motivés par « des raisons très variables », mais aussi « des absences momentanées ».
« Nous respectons le droit, il n’y a pas d’intrusions », affirme encore Philippe Champeval. « Nous intervenons régulièrement devant les conseils municipaux… La pédagogie porte ses fruits », ajoute Vincent Maurer, chef de l’agence haut-rhinoise d’Enedis. « Au fil des ans, nous approcherons de 100 % des foyers équipés », prédit Philippe Champeval.
Pour sa défense, Enedis peut désormais citer l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui a conclu, dans un avis publié en septembre dernier, que le déploiement du Linky présentait « de réels bénéfices pour le consommateur, la collectivité et la transition énergétique ». Le distributeur axe désormais sa communication sur ce dernier thème. Il affirme que le Linky est l’outil « indispensable » pour accompagner les actuels « changements d’usage » : le compteur communicant permet au réseau d’être plus réactif et de prendre en compte l’offre autant que la demande, les consommateurs devenant de plus en plus souvent aussi des producteurs d’électricité, grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques.
SOURCE : DNA du 20 décembre 2018