« On peut diminuer le risque de cancer si on gère bien son stress. »
Le livre fera date. Dans « l'Enquête vérité » (Albin Michel), le Pr David Khayat nous embarque dans l'univers du développement cellulaire pour mettre au jour le lien entre émotions négatives et cancer.
Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion?
J'arrive en fin de carrière et, au cours de mes quarante-cinq années de pratique, les milliers de malades que j'ai suivis m'ont raconté leur vie, livré leurs peurs. Tous ces témoignages d'hommes et de femmes atteints de cancer m'ont apporté la conviction que l'on ne pouvait pas ignorer le rôle du stress, ou encore de la tristesse profonde, dans le processus qui mène à l'apparition de la maladie.
Avez-vous des exemples?
Je pourrais vous en citer des centaines ! Telle l'histoire de cet homme atteint d'un cancer du poumon. Il avait perdu son fils de 20 ans, puis avait été évincé de son poste un an après. Combien de patientes touchées par un cancer du sein ont vécu, l'année précédant leur maladie, le départ de leur mari... souvent pour une autre femme? Le médecin, mais surtout l'homme que je suis, ne peut plus ignorer cette relation de cause à effet.
Toutes les personnes victimes d'un énorme stress comme la séparation ou le deuil vont donc, un jour ou l'autre, être aussi victimes du cancer...
Attention, ce n'est pas le stress qui est directement en cause! C'est l'incapacité à lui résister ou à partager et à soulager sa souffrance. Ce qui va se traduire physiologiquement par une diminution des mécanismes de l'immunité et de protection contre le cancer. Quand le désespoir devient trop important, notre souffrance se retrouve aussi au niveau de nos cellules. Comme si elles ne voyaient pas d'autre issue que d'en finir...
Tout cela est-il démontré scientifiquement?
Il existe des expériences sur les animaux, et notamment sur les rats, qui prouvent que ceux qui sont soumis à un stress sans moyens de défense courent un risque important de développer ensuite un cancer. Mais ce type d'étude n'est pas duplicable à l'homme. Imaginez supprimer volontairement un bébé chez une femme enceinte pour conclure que le stress dû à une grossesse interrompue augmente le risque de cancer... Je ne peux pas attendre ce type de preuve pour alerter !
Cette incapacité à faire face à un «gros stress» peut-elle favoriser les phénomènes de rechutes?
Je le crois. Cela participe à l'échec des traitements anticancéreux. Même si ce n'est pas la seule cause. Cette mauvaise gestion du stress est un facteur de risque de cancer et également de rechute.
A contrario, une personne qui a toujours bon moral est-elle pour autant protégée?
Non, c'est beaucoup plus compliqué que ça ! Tout comme on voit des personnes qui ne fument pas avec un cancer du poumon... Il n'y a jamais de systématisme dans le domaine ô combien subtil du cancer. Même si, bien évidemment, c'est toujours mieux d'être heureux, y compris contre cette maladie.
Pourquoi affirmez-vous: « Vous n'aurez plus jamais peur du cancer» en couverture de votre livre?
Parce que nous pouvons diminuer le risque cancéreux si nous mangeons mieux, si nous ne fumons pas, si nous nous organisons davantage... Et, très certainement, si nous apprenons à mieux dompter notre stress : en méditant, en pratiquant une activité manuelle, en nous relaxant... C'est une formidable découverte. Comme si rien n'était écrit d'avance. En effet, nous pouvons optimiser nos systèmes de défense contre les cellules cancéreuses, que nous fabriquons tous au cours de notre existence, grâce à une meilleure gestion de notre qualité de vie.
Source : Version Femina n° 862 propos recueillis par Myriam Loriol.
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