« Bœuf, maison, chameau, porte »... En version originale : < aleph, beth, gimel, daleth... »
Cette étrange énumération survit, encore reconnaissable après plus de trois millénaires de péripéties à travers les langues sémitiques, phénicienne, grecque, latine puis française, dans la bouche des écoliers d'aujourd'hui : " a, b, c, d »... " L'alphabet est né d'un désir de com-mémoration, explique Pascal Vernus, directeur d'études à l'École pratique des hautes études. Vers 1850-1500 avant notre ère, des Sémites employés par les Égyptiens dans les mines de turquoise de Serabit el-Khadim, dans le Sine et dans le désert au nord de Louqsor, ont voulu laisser leur nom en le gravant sur des rochers. Pour noter leur langue, ils ont repris une trentaine d'images du système hiéroglyphique égyptien, mais leur ont donné une valeur uniquement phonétique. » Par exemple, le pictogramme en forme de tête de bœuf désignant cet animal, qui se disait ih en égyptien, aleph en ouest-sémitique, servit à transcrire le phonème a, première lettre de aleph. Sans plus aucune référence au bœuf... L'alphabet se répandit dans tout le Proche-Orient pour noter les différentes langues sémitiques. Les grands commerçants qu'étaient les Phéniciens l'exportèrent dans l'ensemble du monde méditerranéen à partir de l'an mil avant notre ère.
Source :
Pascal Vernus (dir.), Les Premières Cités et la naissance de l'écriture, Actes Sud, 2011
Anne-Marie Christin (dir.), Histoire de l'écriture, Flammarion, 2012
Sciences et Avenir, janvier 2017
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