Notre horloge biologique est calée sur l'alternance du jour et de la nuit. C'est durant celle-ci que notre organisme récupère des tensions de la journée.
Le jour décline, vous commencez à bâiller, l'envie de filer au lit se fait sentir. Rien d'extraordinaire ! Nous passons environ un tiers de notre vie à dormir, essentiellement lorsque le soleil est couché. L'expression « une bonne nuit de sommeil » accole d'ailleurs naturellement ces deux termes, montrant combien cette période représente un temps de repos indispensable pour être en forme. Dormir la nuit semble effectivement logique pour l'animal diurne que nous sommes. Mais pour quelles raisons ? Quels sont les processus biologiques à l'œuvre ?
Nous sommes programmés pour être actifs le jour et nous reposer la nuit.
Notre sommeil est régulé par deux grands principes. Un processus dit homéostatique correspond au besoin de repos de l'organisme après une longue phase d'éveil. Un peu comme un sablier qui se remplit. La pression atteint son maximum le soir, surtout si nous avons été actifs durant la journée. Dormir permet de retourner le sablier, et de repartir pour une nouvelle journée. Parallèlement, un autre processus, dit circadien (du latin circa diem, signifiant « proche d'un jour »), règle presque toutes nos fonctions biologiques sur les cycles lumière-obscurité. Là, il faut imaginer une horloge qui cadence une série de mécanismes réguliers, comme la production d'hormones. Ainsi, lorsque la lumière décline, notre cerveau libère de la mélatonine. Cette hormone entraîne une baisse de la température corporelle et une relaxation qui favorisent la somnolence. Dans le même temps, la sécrétion de cortisol, qui active durant la journée notre fonctionnement cérébral et notre vigilance, est stoppée. Quand tout va bien, ces deux mécanismes fonctionnent en harmonie, pour nous envoyer le soir dans les bras de Morphée au moment le plus opportun. Ce rythme résulte de notre adaptation à notre environnement. Mal adapté à la vision nocturne, l'être humain a calé son rythme sur l'alternance jour-nuit correspondant à la rotation de la Terre en vingt-quatre heures.
Comment la lumière régule notre horloge interne.
Le niveau d'intensité lumineuse, capté par la rétine, est converti en flux nerveux et envoyé via le nerf optique vers l'hypothalamus, où notre horloge interne se remet à l'heure chaque jour afin de réguler au mieux la température corporelle, la pression sanguine et la production d'hormones. De jour, l'hypophyse va induire la sécrétion de cortisol pour nous garder vigilant. De nuit, la glande pinéale secrète de la mélatonine, qui favorise le sommeil.
Notre cycle est calé sur 24 heures. Cependant, il ne suffit pas d'être plongé dans le noir pour être pris d'une irrépressible envie de dormir. Le chef d'orchestre, c'est notre horloge biologique. Nichée au cœur du cerveau, cette horloge interne formée de 20 000 neurones fonctionne de manière endogène, c'est-à-dire qu'elle produit son propre rythme. C'est ce qu'a observé en 1962 le spéléologue Michel Siffre durant deux mois passés dans le noir total au fond d'un gouffre. Déconnecté du cycle jour-nuit, il a pourtant continué à dormir et à se réveiller suivant un rythme proche de vingt-quatre heures. Depuis, il a été établi que le cycle varie selon les individus de vingt-trois heures trente à vingt-quatre heures trente environ. Une quinzaine de gènes seraient impliqués, déterminant notamment pourquoi certains sont plutôt du soir et d'autres du matin. Malgré nos singularités, nous restons calés sur vingt-quatre heures grâce à l'alternance jour-nuit. Plus que l'obscurité, c'est la lumière qui est le plus puissant synchronisateur de notre horloge. Une récente étude qu'une intensité lumineuse, même faible, active en moins de cinq minutes notre cerveau, notre cœur et notre thermorégulation. D'où l'importance de s'exposer à la lueur du jour et de ne pas abuser, le soir, des écrans riches en lumière bleue à laquelle sont particulièrement sensibles les cellules de la rétine qui captent l'intensité lumineuse.
Certaines populations subissent des dérèglements de ce mécanisme biologique, ce qui peut avoir des impacts sur leur santé. Ainsi, la régulation de nos rythmes reposant sur la lumière captée par la rétine, les personnes non-voyantes ressentent parfois une forte envie de dormir durant la journée. De même, les travailleurs de nuit souffrent davantage de troubles de la vigilance et de problèmes cardio-vasculaires, l'horloge pilotant également la pression sanguine. Pour les personnes âgées, le problème est différent. On a longtemps pensé qu'avec l'âge l'horloge accélérait et conduisait les personnes âgées à se coucher et à se lever plus tôt. Mais en réalité, en vieillissant, la pression de sommeil s'accumule sans doute plus vite pendant la journée, expliquant pourquoi elles vont se coucher de bonne heure.
Le nourrisson apprend à s'adapter progressivement.
Dormir la nuit n'a rien d'une évidence pour le nouveau-né ! Ses cycles de sommeil sont plus courts que ceux de l'adulte, et répartis au long des vingt-quatre heures. Ses réseaux neuronaux de veille et de sommeil ainsi que son horloge biologique ne sont pas matures et ne se mettent progressivement en place qu'à partir de l'âge de 3 mois. L'horloge biologique dépend de facteurs génétiques, mais nos rythmes veille-sommeil sont aussi guidés par l'environnement et le comportement des parents. Après le premier trimestre, il faut éviter de stimuler l'enfant en l'exposant à la lumière artificielle le soir, et ne pas le laisser dans la pénombre la journée. En grandissant, des horaires réguliers et des rituels l'aident à construire un sommeil en accord avec l'alternance jour-nuit.
Notre perception et nos capacités d'analyse sont amoindries.
Propice au sommeil, la nuit est parfois vécue comme inquiétante. « Dormir, c'est lâcher prise, c'est un moment de vulnérabilité. La réalité laisse place à l'imaginaire, ce qui entraîne de potentielles angoisses, surtout chez les plus jeunes. Peurs des monstres, de la séparation, de la mort suscitent des difficultés d'endormissement. La nuit, notre acuité de perception et d'analyse s'amenuise, notamment à cause de la baisse de sécrétion de cortisol. Ce qui peut conduire à dramatiser des problèmes, dont on relativisera l'importance le lendemain. Pour les enfants, le recours à une veilleuse faiblement lumineuse peut être utile.
Quand des troubles viennent perturber nos nuits.
Les parasomnies regroupent un ensemble de comportements ou d'événements étranges survenant pour la plupart durant le sommeil lent profond, plus important en début de nuit. Le somnambulisme et les terreurs nocturnes sont les plus fréquents et touchent principalement les plus jeunes. Selon les études, jusqu'à 20 % des enfants pourraient avoir connu un épisode de déambulation nocturne. Et 1 à 3 % des terreurs nocturnes, ces crises de panique assorties de hurlements en plein sommeil. Les spécialistes n'ont pas totalement élucidé leurs causes, mais ces phénomènes prouvent que le cerveau ne dort pas d'un bloc comme on le pensait autrefois : il y a soit irruption d'épisodes d'éveil incomplet, soit une dissociation entre différentes zones du cerveau, certaines dormant dans un stade alors que d'autres passent à un autre stade. Ces comportements sont favorisés par le stress, des rythmes irréguliers, mais reposent aussi sur une prédisposition génétique. Ils se poursuivent parfois à l'âge adulte. Impressionnants, ils ne doivent pas inquiéter, sauf s'ils sont répétés, avec beaucoup d'angoisse, ou font risquer une mise en danger de la personne ou de son entourage. Mieux vaut alors consulter.
Le cycle circadien en médecine chinoise
Quelques siècles d'observation ont permis aux médecins chinois de remarquer que, dans l'organisme, l'énergie circule selon un cycle de 24 heures : le cycle nycthéméral. Ce cycle est composé de 12 phases de 2 h (magnitudes) pendant lesquelles les organes et les entrailles doivent, dans des conditions normales recevoir un surplus énergétique.
1 h / 3 h
3 h / 5 h
5 h / 7 h
7 h / 9 h
9 h / 11 h
11 h / 13 h
13 h / 15 h
15 h / 17 h
17 h / 19 h
9 h / 21 h
21 h / 23 h
23 h / 1 h
Foie
Poumon
Gros intestin
Estomac
Rate
Cœur
Intestin grêle
Vessie
Rein
Maître du cœur
Triple réchauffeur
Vésicule biliaire
L'utilisation du tableau biorythmique se révèlera particulièrement utile pour déterminer quelles sont les causes organiques particulières d'un malaise et pour équilibrer le niveau d'énergie de cet organe par l'exécution d'exercices (Qi Gong) qui disperseront ou concentreront l'énergie, selon les besoins de l'organe.
Source :
ça m'intéresse n° 472, juin 2020
Dr Marc Rey Dr Sylvie Royant-Parola
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