A fake news, je préfère la définition française ( passé d'enseignant oblige !) : information fallacieuse ou encore le néologisme ici utilisé « infox », forgé à partir des mots « information » et « intoxication".
Je pense être, tout comme la plupart d'entre vous submergé par des informations diverses prêchant tout et son contraire.
Pourquoi notre époque voit-elle proliférer à ce point ces incitations à remettre en doute en permanence toutes les informations qui nous parviennent ?...
Un article d'Ève Fabre, chercheuse en Facteur humain et neurosciences sociales à l'institut des sciences du cerveau, de la cognition et du comportement de Toulouse, nous éclaire sur les différents mécanismes qui nous conduisent à porter des jugements ou à prendre des décisions sans tenir compte d'un raisonnement analytique.
Connaissez-vous « l'effet de surconfiance» ?
Ce biais cognitif décrit la tendance à surestimer ses propres compétences dans un domaine. Il est généralement très marqué chez les individus ayant peu de compétences. Cela signifie que moins on est compétent sur un sujet, plus on estime l'être, et moins on se rend compte qu'on ne l'est pas. Cerise sur le gâteau, l'effet de surconfiance nous conduit à douter de ceux qui sont réellement compétents.
« Rien n'est plus dangereux qu'une idée, quand on n'a qu'une idée. »
Alain, philosophe
Quand une personne commence à devenir compétente, elle découvre rapidement l'étendue de son ignorance, ce qui se traduit par un effondrement de confiance. Cette dernière remontera petit à petit à mesure que la personne gagnera en expertise mais n'atteindra jamais plus le niveau de confiance initial.
En résumé, une personne experte se comportera de manière moins confiante qu'une personne sans expertise. » En d'autres termes, une personne réellement experte fera montre de nuance dans ses propos, et de modestie. Donc : méfiez-vous de ceux qui affirment. Cette méthode n'est pas infaillible mais elle m'est encore aujourd'hui fort utile.
Plus on m'affirme quelque chose, plus ma méfiance s'éveille.
C'est une attitude que je m'efforce d'appliquer
Et douter est une saine attitude quand on connaît en outre cet autre biais cognitif appelé « biais de confirmation » qui décrit la tendance que nous avons tous à sélectionner et à donner plus de poids aux informations qui confirment nos croyances.
Oui, un peu de bon sens, une reconnaissance lucide des peurs que l'on abrite, et un petit pas de côté suffisent à prendre conscience de la fragilité de nombre des théories qui saturent nos réseaux sociaux. Ne soyez pas abusés par l'abri précaire de vos certitudes. Elles sont une prison qui rend invisible la bienveillance du réel. Avouez que c'est dommage en un tel moment...
Ou,
si vous préférez :
soyez à l'écoute de votre petite voix intérieure !
Vous pouvez également suivre le lien de Médiapart : application concrète de la démarche à propos du film Hold Up (novembre 2020)
Source : Inexploré - N'47 - ÉTÉ 2020
Stéphane ALLIX