Face à l’utilisation croissante des téléphones portables et au développement des réseaux sociaux très chronophages, quels constats pouvons-nous faire de notre dépendance et comment essayer de nous libérer un tant soit peu ?
Après la page "prendre soin de son intérieur" je vous propose quelques réflexions pour prendre soin d'un autre intérieur.
Je communique, donc j’existe .
Représentant la source principale d’informations reliées à notre existence, nous avons de plus en plus de difficulté à distinguer les moments où nous sommes « branchés » à notre portable, à notre tablette ou ordinateur de ceux où nous en sommes physiquement et mentalement séparés, voire détachés.
Pour cette même raison, notre champ expérientiel s’identifie toujours plus à l’espace restreint de l’écran de notre portable : tout ce qui a de la valeur se produit et se concentre davantage à l’intérieur de ce « lieu circonscrit », alors que tout ce qui se trouve à l’extérieur se transforme toujours plus en un espace neutre, flou et dépourvu d’intérêt. Il nous suffit d’observer lorsque nous sommes par exemple dans un métro, un bus, une gare, un aéroport, ou dans la rue pour nous rendre compte du pourcentage croissant de personnes regardant uniquement leur portable plutôt que le monde environnant ou leur proche.
Un phénomène qui touche surtout les jeunes.
C’est justement sur la base de cette évidence que les psychologues, les médecins et les sociologues ont récemment commencé à parler de l’existence d’une véritable « cyberdépendance ». Ce phénomène – qui touche surtout les jeunes et les adolescents – consiste en une utilisation très assidue des moyens de communication offerts par Internet. Il s’agit dans ce cas du besoin compulsif de maintenir une activité en ligne presque continuelle, qu’elle soit sous forme de participation active (communication dans les réseaux sociaux, jeux vidéo en ligne, envoi de textos ou messages, surf sur les moteurs de recherche, visionnage de séries et de films en continu) ou plus passive (attente de message ou d’interaction de la part d’autrui).
Selon certaines études, les nouvelles générations passeraient plus d’une heure par jour à envoyer des SMS, une moyenne qui augmenterait à plus de 90 minutes dans le cas des jeunes âgés de 18 à 22 ans. Si à tout cela nous ajoutons le temps passé au téléphone, celui sur l’ordinateur en raison du télétravail, pour écrire ou envoyer des mails ou encore pour l’enseignement à distance, la quantité de temps passé devant nos écrans s’accroît vertigineusement au point que nous pouvons aisément dire que nous « vivons dans l’écran » et que la plupart d’entre nous risquent de devenir victimes de la cyberdépendance.
La peur d’être seul.
Ce besoin authentiquement « boulimique » de se sentir constamment « nourri » par l’extérieur et par les informations provenant d’un réseau a comme corollaire direct la nécessité souvent incontrôlée de partager avec les autres le moindre événement de sa vie quotidienne. Qu’il s’agisse de la photo d’un plat que nous venons de préparer ou des chaussures que nous venons d’acheter, d’un selfie pris dans un parc, d’une phrase que nous venons de lire dans un livre, d’un câlin à notre chat, de nos jours, TOUT « mérite » d’être partagé et « posté » sur un réseau social afin de recevoir des commentaires en temps réel. C’est ici que se forme la perception que notre vie a du sens uniquement s’il en existe une confirmation constante de la part des autres. C’est à ce moment que la maxime « Je communique, donc j’existe » se transforme en un véritable : « J’existe, car je partage ! »
Exercices pour évaluer son niveau réel de dépendance
- Les descriptions faites jusqu’ici nous amènent à nous poser une question simple : risquons-nous, nous ou nos proches, de devenir des « accros » de la communication ?
- Posons-nous ces questions : combien de temps utilisons-nous le portable chaque jour ? Avons-nous l’habitude de manger ou de dormir avec votre portable, de l’utiliser en salle de gym, durant vos cours de yoga, vos promenades dans un parc ou avec des amis ? Le gardons-nous toujours à côté de vous sans l’éteindre ou bien le contrôlons-nous souvent même si nous n’avons reçu aucun message ? Nous arrive-t-il de donner de la valeur à ce que nous faisons sans ressentir la nécessité de le partager avec les autres via les réseaux sociaux ?
- Si nous sentons que l’utilisation de votre portable a trop d’impact dans notre vie quotidienne, voici quelques exercices capables de nous permettre une véritable « désintoxication informatique » :
1) Devenir conscient
Asseyez-vous, fermez les yeux et cherchez à percevoir clairement les différences dans votre ressenti concernant votre smartphone à côté de vous, allumé ou éteint. Comment vous sentez-vous et quelles émotions suscitent en vous les deux possibilités ? Êtes-vous rassuré s’il est allumé ? Vous sentez-vous perdu ou en insécurité s’il est coupé ?
Osez rester en contact avec votre ressenti et cherchez à dissiper l’éventuelle sensation de vide et de manque que vous percevez en apprenant à augmenter votre sens de l’autonomie et de l’estime de soi.
2) Apprendre à couper
Pour cet exercice, vous pouvez commencer en déterminant une durée de déconnexion préétablie (30 à 45 minutes consécutives maximum) en vous aidant d’une minuterie afin de prendre conscience du temps passé en ligne.
À chaque fois que vous allez vous arrêter, livrez-vous à une quinzaine de minutes d’exercices de conscience corporelle combinée à de la relaxation : asseyez-vous, fermez les yeux, détendez votre corps en veillant à relâcher toutes vos tensions, surtout au niveau du cou, des épaules et du plexus. Dirigez votre attention vers votre respiration ; ressentez tous les mouvements de votre corps pendant l’inspiration et l’expiration et laissez-vous aller au pouvoir apaisant représenté par l’aller-retour du rythme de la respiration.
Vous pouvez alterner cette pratique avec des exercices dynamiques (course sur place, étirements) afin de réveiller votre corps, d’évacuer vos énergies stagnantes et de vous ressourcer au niveau de l’énergie vitale. Permettez à ces pauses de devenir pour vous de véritables « bulles d’oxygène » remplies de sérénité et de bien-être.
3) Définir un calendrier
Pour cet exercice, qui vous aidera sur le long terme, prenez quelques instants pour dresser une liste d’activités que vous aimeriez faire (du sport, passer du temps avec des proches, lire) mais que vous ne pouvez réaliser à cause du temps que vous passez sur Internet.
Créez une motivation positive et cherchez à réorganiser votre emploi du temps quotidien. Vous constaterez aisément combien de temps vous avez gaspillé et que vous auriez pu mettre au service de vos désirs réels. Agissez de manière graduelle et bienveillante, car toute réduction drastique d’Internet ne sera pas forcément efficace sur la durée.
Devenir conscient et s’activer : ce sont les clés qui permettront un véritable changement positif en vous ! La liberté invite à un usage conscient de la technologie numérique selon notre propre libre arbitre et jamais le contraire. Cela vaut pour nos smartphones comme pour tout autre aspect de notre vie.
Source : Inexploré n°51, le magazine de l'INREES (juillet-août-septembre 2021
Vidéo : Exemple d'addiction aux écrans (âmes sensibles s'abstenir !!!!)
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