C'en est fini de cette curiosité qui faisait courir les Strasbourgeois et les touristes depuis plusieurs dizaines d'années : le fameux rayon vert de la cathédrale a disparu !
Deux fois par an, un mystérieux rayon vert illuminait le visage du Christ sculpté dans une chaire de la cathédrale de Strasbourg. Hasard pour les uns, bénédiction pour les autres, ce phénomène ne durait que quelques minutes
IL fallait avoir une montre pour guetter la minute précise à laquelle il apparaît : en automne, c'est le 22 septembre à 12 h 24, au printemps, c'est le 20 mars à 11 h 38.
Les habitués des dates auront remarqué qu'il s'agit des deux équinoxes. Le soleil s'aligne pile à ces deux dates-là avec le pied d'un personnage peint sur un vitrail, Juda (le fils de Jacob, pas celui qui a livré le Christ), qui porte des chaussures vertes. Le rayon transperçait le verre vert et illuminait la figure du Christ sculpté sur la chaire monumentale, laquelle était autrefois destinée à diffuser l'homélie — le discours du prêtre — durant la messe. Cette chaire a été réalisée en l'an 1495 pour honorer le prêtre prédicateur Jean Geiler de Kaysersberg, qui officia pendant 30 ans dans la cathédrale et qui est enterré dans ses sous-sols.
Ce phénomène ne durait que quelques minutes mais captait tous les regards. Il a été découvert en 1972 par un ingénieur-géomètre, Maurice Rosart. "Ce rayon est rendu possible par la nature du verre utilisé pour réaliser ce pied. Ce verre est transparent et de couleur verte, alors que les autres verres colorés sont seulement translucides. Le pied de Juda constitue ainsi ce qu’on appelle un « oculus » dans la façade sud de l’édifice".
Fait troublant pour l’inventeur du rayon vert: Juda désigne de l’index son pied gauche et dirige son regard vers l’oculus de la fenêtre représentant le disque solaire.
Le clergé, lui, n’a eu de cesse d’affirmer le caractère fortuit du rayon vert, apparu suite à une série de réparations de la verrière, après 1950.
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Une campagne de restauration des vitraux de la verrière sud démarrée en 2014, menée par la DRAC, serait la cause de cette disparition : le verre transparent permettant d’illuminer le dais aux équinoxes a été remplacé par un verre translucide, comme les autres vitraux de la cathédrale
Le chantier est réalisé sous maîtrise d’ouvrage État, c’est-à-dire confié à des entreprises spécialisées dans le cadre d’appels d’offres.
"Les experts ont estimé qu'il fallait nettoyer, remplacer, réparer une partie du vitrail. Ce qui a été fait" explique Didier Muntzinger, archiprêtre de la cathédrale de Strasbourg.
Le vitrail a été installé en 1872. Cependant, c'est lorsqu'il est nettoyé en 1972, cent ans plus tard, que le phénomène se produit. Pour créer ce genre de vitrail, une « grisaille » est fabriquée avec de la colle et de la cendre, elle sert au dessin et disparaît à la cuisson. Sans doute était-elle un peu plus incrustée qu'à l'ordinaire sur cette zone qui, une fois nettoyée, a laissé apparaître le verre. Ainsi, deux fois par an, quand le soleil est aligné, le vitrail projette sa lumière dans la cathédrale.
- Mais pourquoi pile aux équinoxes ? Les solstices - surtout celui de l'hiver- sont bien plus fréquemment présents dans les lieux sacrés
- Pourquoi la lumière baigne-t-elle uniquement le visage du Christ ?
- Alors, était-ce prévu par le concepteur du vitrail ?
- Est-ce un hasard, ou une bénédiction du Ciel ?
- Je m'interroge sur la position de l’Église (église ?) Faut-il toujours se réfugier derrière l'avis "d'experts" ?
- Aurions-nous été bernés pendant un demi-siècle ?
- Témoins des relations compliquées de l’Église avec le monde ésotérique :
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- mars 1990 : le rayon vert disparaît : on découvre un carton qui obstrue le pied de Juda (à 20m du sol tout de même). On n'en saura pas plus
- 2004 un spot lumineux a été installé barrant la route au rayon vert, spot qui a été enlevé suite au mécontentement de Maurice Rosart.
Je comprends bien la quiétude du lieu soit troublé deux fois l'an par un afflux de badots
Si, par deux fois, les archiprêtres alors en place ont remédié à ce "dysfonctionnement", Aujourd'hui je crains que l'action soit irréversible, action incompréhensible puisqu'un guide dédié avait été engagé pour donner des explication deux fois l'an !
Il ne faut pas oublier que les forces cosmo-telluriques du lieu d'édification de bien des lieux sacrés magnifient le caractère sacré ici, de la cathédrale et ne viennent pas le "concurrencer".
Je laisse le mot de la fin au découvreur, Maurice Rosart (courrier du 21 mars 2022):
"un mauvais coup porté aux Strasbourgeois, à la culture, à la laïcité, aux Lumières. Il redonne force et vigueur à un obscurantisme religieux digne du Moyen-Âge et qui dénie aux individus le droit de ne pas croire en Dieu. De plus, c’est ignorer le message annonciateur du rayon vert :
« Le soleil passe par mon pied ». "
SOURCES
DNA : édition du 22 mars 2022; 2014.
INEXPLORÉ n° 53 (janv-fév-mars 2022)