Sainte-Foy de Sélestat, prieuré de l'abbaye bénédictine de sainte Foy de Conques, fut sans doute jusqu'en 1498 le seul monastère ayant été peuplé de moines de culture et de langue françaises. Les bénédictins veillèrent sur le sanctuaire jusqu'au début du XV° siècle, quand Frédéric II de Hohenstaufen accorde le statut de ville libre à Sélestat. Le pouvoir passa dès lors progressivement aux bourgeois. Sélestat prospère, devint membre de la décapole, agrandit ses fortifications, reçut des ordres monastiques et fit du commerce.
Qui est Sainte Foy de Conques?
Sainte Foy naquit vers 290 à Agen et appartenait à une famille noble gallo-romaine. Elle fut instruite des vérités de la foi par sa nourrice. Par la suite, elle demanda à saint Caprais de la baptiser à l'insu de sa famille. Elle consacrait son temps à prier et à secourir les plus nécessiteux. En 303, Dacien, préfet d'Agen, relança les persécutions contre les chrétiens en promulguant un édit « tout chrétien doit être dénoncé et sera châtié sur le champ ». Elle fut dénoncée par son père pour s'être déclarée chrétienne. Elle subit l'épreuve du lit d'airain pour être brûlée, mais la pluie éteignit le feu. Elle fut décapitée le 6 octobre."
Source : nominis.cef.fr
Pourquoi Sainte Foy ?
Au XI° s, des groupes de plus en plus nombreux de pèlerins se rendaient à Jérusalem. En 1071 les Turcs chassèrent de la ville les califes égyptiens et persécutèrent les pèlerins. En attendant de pouvoir organiser la délivrance des Lieux Saints, l’Église favorisa un peu partout la construction d'édifices sur le modèle du sanctuaire le plus vénérable de Jérusalem : l'Anastasis, monument élevé par l'empereur Constantin sur l'emplacement du tombeau du Christ. Hildegarde, vers 1087, entreprit, elle aussi, de construire à Sélestat « ecclesiam ad instar dominici Sepulcri » (église du saint sépulcre). L'évêque Othon de Strasbourg (1082-1100), fils de Hildegarde, consacra le sanctuaire.
En 1094, Hildegarde décida de fonder, près de l'église du Saint-Sépulcre, un petit prieuré de bénédictins. Elle voulait ainsi contribuer à réparer et à expier un odieux crime, commis cinq ans auparavant sur l'instigation, ou du moins avec la complicité de son fils aîné, le duc Frédéric, et peut-être aussi d'un autre de ses fils, l'évêque Othon de Strasbourg. Le 4 septembre 1089, le comte Hugues d'Eguisheim, chef du parti grégorien en Alsace, s'était rendu dans une localité des environs de Strasbourg, pour s'y réconcilier avec l'évêque. Il y fut assassiné la nuit suivante. Malgré les protestations d'innocence de ses fils, ce meurtre ne pouvait que confirmer la noble dame dans son pieux dessein.
Source : paroisse catholique de Sélestat.
L'extérieur.
L'église actuelle n'est pas celle qui fut érigée en 1095 sur ordre d'Hildegarde. Elle fut construite entre 1150 et 1200 : elle est de plan basilical avec nef à trois travées doubles, collatéraux à six travées, transept peu saillant à trois travées s'ouvrant à l'est sur le chœur flanqué de deux chapelles. La nef est précédée d'un porche à deux tours, et sur la croisée s'élève une puissante tour octogonale coiffée d'une flèche de pierre.
longueur totale 44,20 m
longueur du transept 18,60 m
largeur des trois nefs 14,85 m
hauteur à la croisée 42 m
hauteur de la grande nef 11,10 m
Source : CRDP Strasbourg
Par l'utilisation du grès rouge de Schirmeck et le granit gris d'Andlau, dans un désordre apparent, le maître roman a su faire vibrer et donner de la vie aux grandes surfaces des façades.
Plusieurs pistes pour expliquer ce choix :
- optimiser les délais de construction en se fournissant auprès de deux carrières ?
- renforcer la construction avec les pierre en granit ?
- créer une"vibration" subtile élevant le taux vibratoire de l'édifice grâce à la juxtaposition de pierres de nature et de structure moléculaire différentes ?
Source : Alhena-géobioénergie (voir plus précisément à 8 minutes30 seconde depuis le début)
Les deux lions du porche ont été remplacés, les anciens sont conservés au musée de Sélestat.
Le lion comme base de colonnes se trouve souvent aux porches d’édifices italiens ou d’influence italienne (cathédrales d’Embrun, de Trente, de Modène, de Parme…)
Sélestat a été dans le passé récent une ville très active sur le plan culturel.
De nombreux artistes y ont vécu et travaillé et cela fait partie de son charme :
Jérôme Kruch, Jean Léonard Meyer, Vers 1880, le couple Sichler, dont la femme est la fille de Vallastre, qui a rénové la cathédrale de Strasbourg. Un peu plus tard, Heinrichs et Gachon.
Ces sculptures de facture récente sont pour moi la "signature" de ces artistes.
Elles ne répondent pas aux critères et à l'état d'esprit des bâtisseurs du XI° siècle, ci-dessous
Sur la façade Ouest, à noter également cette rosace qui n'est pas sans rappeler celle de la cathédrale de Strasbourg.
Tympan de la porte, côté sud:
la fuite en Égypte