C'est la lecture de l’Évangile de Thomas et plus particulièrement le logion 7 qui a donné un sens nouveau à deux gargouilles présentes à la Cathédrale N-D de Strasbourg.
LOGION 7
a dit Jésus
heureux est le lion que l’homme mangera
et le lion sera homme
et méprisable (maudit) est l’homme que le lion mangera
et le lion sera homme.
Ce logion nous présente une double confrontation entre l’homme et le lion... c’est à dire entre l’homme et son ombre cachée au fond de son inconscient.
Bien que l’issue en soit différente, la conclusion est la même : et le lion sera homme.... c’est à dire que le lion prendra le dessus si l’homme ne mange pas le lion, ne le maitrise pas, ne l'apprivoise pas.
Le lion, en tant que souverain dans le monde animal, celui des instincts primaires, peut être considéré comme le symbole d’un pouvoir dominateur dans ce monde inférieur (l’inconscient) , où l’homme vit biologiquement mais, en sa conscience, est toujours mort face aux valeurs supérieures, le respect entre autre, et ne cherche qu'à imposer sa loi, son désir, son autorité, ses choix.
Le lion, en tant que souverain dans le monde animal, peut être considéré comme le symbole d’un pouvoir dominateur dans ce monde inférieur, où l’homme vit biologiquement mais, en sa conscience, est toujours mort face aux valeurs supérieures.
La finalité de la vie n’est pas de demeurer dans les ténèbres de la pauvreté, mais d’avoir pleinement accès aux facultés qui nous sont déléguées. Afin de se réaliser soi-même l’homme doit diriger son attention vers la source donatrice, vers le supérieur à l’intérieur de lui-même. S’il demeure séparé de cette source il reste dépendant du monde inférieur, là où le lion dicte sa loi.
Quelle leçon est-elle à déduire de cette métaphore ?
Bien que le territoire de l’homme soit également celui du lion, sa tâche est élevée au-dessus de toute confrontation avec le lion. Celui ou celle qui accepte le défi du pouvoir sera toujours perdant ! Car le pouvoir fait partie du monde inférieur. Sa tentation n’a qu’un nom : orgueil. S’abstenir de toute implication dans les objectifs du lion est donc le message évident. Quiconque cherche à s’affirmer selon des lois d’un ordre inférieur et à devenir puissant, ignore la source même de son potentiel et s’engage dans une confrontation avec le lion. Qu’il triomphe ou qu’il s’incline, toujours l’inférieur - le lion - prendra possession de l’homme.
Observez l'évolution de droite à gauche, de la crinière, des oreilles, du museau, des pattes propres au monde animal. La gargouille de gauche n'a certes pas encore tous les attributs humains mais elle s'en approche (regardez les mains sur les quelles on distingue les veines.
Le temps du Lion est celui de l'incendie, du désir violent que nous avons tant de difficultés à freiner. Cet animal ardent, sauvage, fort et cruel, indompté, représente nos émotions latentes, celles qui risquent d'engloutir notre conscience quand nous disons : " j'ai perdu la tête ".
Le lion qu'Hercule doit combattre est aussi un aspect dangereux de l'inconscient (la materia prima). C'est lui qu'Hercule doit vaincre car lorsque l'inconscient attaque, il se fait connaître, il passe donc dans la conscience et sert alors de source au combattant héroïque qui y puise sa force. On imagine la somme d'énergie qu'il doit déployer, sans aucune arme : en effet, il s'agit de lutter contre la part dévastatrice de lui-même, - celle qui nous fait tant de mal, et fait tant de mal aux autres.
Les sculpteurs connaissaient-ils l'évangile de Thomas ou bien encore Carl Gustav Jung ?
Le message est sculpté dans la pierre depuis mille ans déjà !
SOURCES
Évangile de Thomas ou l'enseignement égaré de Jésus (Pierre Mestdagh)
Espace francophone jungien (Rolande BIES)
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