Le radon est spontanément présent dans toutes les régions, quelle que soit la nature du sol, mais avec des taux bien plus élevée dans les régions uranifères, notamment granitiques et volcaniques, et des taux non négligeables dans les terrains calcaires. Sa teneur au sol dépend de la circulation des eaux souterraines et peut être exacerbée par les activités minières.
Le flux naturel de radon est normalement piégé dans la roche qui lui donne naissance, et sa demi-vie très courte (de l'ordre de quatre jours) interdit une accumulation au sens propre du terme. Cependant, son caractère gazeux le rend potentiellement mobile. Les constructions humaines peuvent l'aspirer et lui permettre de stagner localement, conduisant à des concentrations importantes. Il peut aussi être trouvé dans certaines eaux de source et sources chaudes.
Le radon serait à l’origine de 3000 décès par an en France (près de 10 % des cancers du poumon). Et la deuxième cause de cancer du poumon derrière la cigarette. Inodore, incolore, ce gaz naturel est surtout constitué de « particules radioactives ». Et c’est cette radioactivité qui se «fixe sur les voies respiratoires et en irradie les cellules», selon le site Géorisques du gouvernement.
Présent dans le sol, il infeste les couches granitiques. Roches que l’on retrouve dans le Grand Est dans l’ensemble du massif des Vosges. En Lorraine, le département des Vosges est ainsi le plus concerné par ces émanations. Il bénéficie d’une surveillance accrue, ainsi qu’il a été rappelé début novembre à Strasbourg où un séminaire sur la nocivité du radon a été orchestré par l’Agence régionale de santé (ARS), la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Ventiler les pièces de vie
La journée européenne du Radon tombe le 7 novembre. Une date pertinente. Automne et hiver sont, en effet, des saisons particulièrement sensibles pour les populations installées sur des terres gorgées de radon. On ouvre moins fenêtres et portes, entraînant des concentrations toxiques dans les logements. Plus encore lorsqu’ils sont parfaitement isolés. Or, le seul moyen de se débarrasser du radon et d’éviter les surdoses, est de ventiler quotidiennement les habitations. Aérer une vingtaine de minutes par jour sert de soupape de sécurité. Dans le Grand Est, la problématique du radon est prise très au sérieux. La région est l’une des plus touchées dans le grand quart nord-est.
Il remonte par les fissures
Ce gaz s’amasse essentiellement dans les couches granitiques et volcaniques. Pour cette raison, on le trouve principalement dans les territoires montagneux, Massif central, Alpes, Pyrénées, Corse et, donc, les Vosges où 129 communes (sur 319 dans le Grand Est) étaient classées en catégorie 3 (significatif) en 2018 par la préfecture de région.
Le radon n’est pas cancérogène en faible quantité. Il se dilue rapidement dans l’air extérieur. Par contre, il a tendance à s’accumuler dans les lieux clos, proches du sol, tels que les caves, les rez-de-chaussée, les vides sanitaires… Ou dans les cavernes granitiques pour ceux qui pratiquent la spéléologie. Dans les bâtiments, il peut remonter dans les étages par des fissures, des gaines électriques, voire les murs.
Pour s’en protéger, l’IRSN recommande donc de commencer par veiller à maintenir une bonne « étanchéité entre les parties en sous-sol et les pièces de vie », en plus de la ventilation. Enfin, avant d’entreprendre quoi que ce soit, il est bien sûr impératif de mesurer la charge de radon. Pour cela, il faut se procurer un dosimètre et s’adresser à un laboratoire spécialisé. Au-delà de 300 becquerels par mètre cube, alerte.
Soixante-dix-huit foyers ont participé à la campagne de mesure du radon menée au sein de la communauté de communes des Portes de Rosheim, dans le cadre du Plan régional santé environnement, porté par Atmo Grand Est (association chargée de la surveillance de la qualité de l’air) et l’Agence régionale de santé (ARS).
L’objectif était de sensibiliser les habitants aux risques liés à ce gaz radioactif d’origine naturelle, incolore et inodore, qui trouve son origine dans l’écorce terrestre et peut s’accumuler dans les bâtiments, en fonction des caractéristiques de construction.
Parmi les neuf communes de la collectivité, six sont concernées par un potentiel radon de niveau 3 (le plus élevé) : Boersch, Grendelbruch, Mollkirch, Ottrott, Rosheim et Saint-Nabor.
Ouverte à tous les habitants du secteur, la campagne a consisté à poser deux dosimètres dans les logements concernés, permettant de mesurer la concentration en radon. Leur pose a été échelonnée entre début décembre et début février. Ils sont restés en place en moyenne pendant un peu plus de deux mois.
l’Agence régionale de santé du Grand Est a singulièrement renforcé les campagnes de mesure de la qualité de l’air domestique dans la région depuis 1994, en s’appuyant notamment sur des opérateurs comme Atmo Grand Est. Des campagnes qui ont permis d’établir une véritable cartographie de la région et ainsi déterminer, commune par commune, où le « risque radon » est le plus grand et surtout, où il est nécessaire d’agir.
Notamment en améliorant l’étanchéité des bâtiments et les terrains qui les accueillent : sous-sols, vides sanitaires (murs, planchers), passages de canalisation, portes existantes, etc. Mais aussi, simplement, en agissant sur le renouvellement de l’air intérieur.